Jean-François Assy, musicien ayant joué, entre autres, avec Alain Bashung, Daniel Darc, William Sheller, Christophe et Hubert Félix Thiéfaine est passé à la maison le temps d’une interview. Il m’a expliqué comment devenir musicien professionnel et comment il s’est retrouvé à jouer avec toutes ces pointures. Voici la transcription de cet entretien très intéressant :
Olivier JUPRELLE : Qu’est-ce que tu conseillerais à un musicien qui débute et qui veut se lancer comme professionnel?
Jean-François ASSY : Déjà de maîtriser son instrument. C’est le premier truc parce que il y a beaucoup de gens sur le marché qui attendent. Des mecs qui jouent vachement bien en plus ! Après ça il ya aussi un vrai truc de rigueur, du sérieux. Sans être”boring”, tu vois le truc hyper ennuyeux, mais vraiment il faut être sérieux quoi parce que les mecs qui arrivent un peu foufou, “moi je vais tout casser”, parce que je vais révolutionner un machin ouais ça peut marcher mais ça n’a qu’un temps quoi. Les mecs comme ça en général ils passent vite. Si tu veux rester dans le truc il faut être rigoureux parce que c’est là dessus que beaucoup d’artistes comptent aussi en général. C’est pas un secret il y a quand même pas mal d’artistes qui ne sont pas hyper “straight”, qui ne sont pas hyper rigoureux et donc s’ils n’ont pas une équipe autour d’eux un peu solide ça peut vite se barrer en cacahuète.
Olivier JUPRELLE : Alors ça veut dire quoi être rigoureux? Ca veut dire arriver à l’heure aux répétitions? Rentrer directement après le show?
Jean-François ASSY : On peut quand même un peu faire la fête ! Etre sérieux aux répètes, arriver en connaissant les morceaux. Il n’y a pas que ça, il faut amener des choses aussi parce que ne faire qu’écouter un morceau, noter la grille, écouter ce qui se passe, faire une dictée et puis reproduire sur scène le morceau je veux dire il y en a plein qui peuvent le faire. Après c’est plus intéressant aussi de pouvoir dire : tiens, moi j’ai refait ce boulot là mais en plus je peux amener ça est-ce que ça t’intéresse? Si je propose ça, est-ce que ça te va ou pas? Avoir une approche créative et ne pas hésiter à apporter un peu de sa personnalité dans sa transcription. Ne pas être ne pas être vraiment enfermé dans la transcription. Alors tu as des artistes qui diront : “non j’ai mon idée et je veux que ce soit comme ça et pas autrement” et donc à ce moment là tu suis où tu suis pas. Tu peux te barrer aussi, enfin voilà y’a pas de problème mais par contre il y a des artistes qui sont demandeurs de ça. Bashung demandait d’être étonné constamment.
Jean-François ASSY : C’était “étonnez-moi” et en même temps on était les premiers étonnés de bosser avec lui aussi parce que lui aussi parfois avait des idées. On se disait il est fou, ça ne va jamais marcher et puis, au final, en essayant, on se dit “ah oui il sentait bien le truc quand même”! Il fallait être créatif. Un mec comme Christophe aussi aime bien qu’on lui amène des sons. Il est curieux de tout donc il aime bien quand on amène une nouvelle pédale, qu’on lui fait écouter un truc. “Ah ouais j’aime bien, je connais pas ça, c’est cool” ! Si on rentre dans une espèce de routine ça peut vite l’ennuyer quoi. Il faut être rigoureux, être créatif tout le temps. Etre un peu intéressé de tout, écouter un peu ce qui se fait aussi en dehors parce que sinon si tu te mets dans un truc hermétique. Mais tu dis : “ok, moi voilà ce que je peux faire”. Je fais que ça et j’écoute que ça, ça ne marche pas non plus. Il faut rester ouvert quand il y a tellement de trucs qui se font partout maintenant. On a accès à tout aussi donc après faut pas copier mais il faut surtout écouter ce qui se fait, avoir des antennes un peu un peu ouvertes.
Olivier JUPRELLE : Pour se résumer on dirait 1 : il faut bien connaître son instrument.
Jean-François ASSY : Ouais ça je pense quand même oui.
Olivier JUPRELLE : Et moi qui ai déjà eu une expérience aussi de travail de collaboration avec toi, je peux vraiment confirmer que quand Jeff arrive à une répétition, non seulement il connaît la grille vraiment super bien, et en plus c’est en place ! Le timing est nickel et donc c’est vrai que ça s’est vraiment important pour se lancer là dedans. Je pense que la base c’est vraiment d’être un excellent musicien. Mais comme tu l’as dit ça ne suffit pas.
Jean-François ASSY : En fait le truc c’est… Enfin de connaître le morceau et de pouvoir le reproduire, on va appeler ça la partie technique. Et quand la partie technique est connue alors tu peux parler musique. Mais si tu n’as pas cette partie technique, si tu n’as pas déjà cette base là alors c’est compliqué. Par rapport à la concurrence où tous les autres mecs qui vont se ramener et qui ont un bon niveau. C’est compliqué de passer à autre chose quoi. Moi c’est mon père, qui est violoniste classique, c’est lui qui m’a appris beaucoup de choses et quand j’étais gamin. Il me disait : apprend d’abord la base technique parce qu’après on parle musique et la musique et la technique, l’un ne va pas sans l’autre mais c’est pas forcément exactement la même chose non plus. Il y a des gens qui sont techniquement balèzes mais qui musicalement n’ont rien à dire et donc c’est moins intéressant. Donc il faut pas que ça, il faut la base technique ensuite après tu disais la rigueur quand même, le sérieux de la répétition. Qui fait partie à mon avis de la base technique. Le fait d’être à l’heure aux répètes, savoir gérer ton planning aussi quand tu es appelé par différents artistes.
Olivier JUPRELLE : J’imagine qu’il y a des moments il y a des dates qui arrivent sur le même jour,
Jean-François ASSY : Il y a parfois des dates qui clashent. Là il faut être sérieux aussi par rapport aux gens qui t’ont engagé, etc. Tu ne peux pas être à deux endroits au même moment, donc il faut avoir un agenda quand même assez clair.
Olivier JUPRELLE : Ensuite être créatif, c’est-à-dire ne pas avoir peur de venir avec sa personnalité quand même, donner des idées. Après, rester quand même au courant de ce qui se fait parce que c’est vrai que toi tu travailles beaucoup finalement dans le secteur chanson française. Tu ne fais pas que ça mais la majorité des artistes de haut niveau qui t’appellent sont souvent dans cette sphère de “chansons française”.
Jean-François ASSY : Il y a tout l’international aussi. Tu as a tout ce qui se fait aux Etats-Unis, en Angleterre… Moi je bosse beaucoup en Flandre.
Olivier JUPRELLE : Oui c’est vrai que tu fais ça aussi !
Jean-François ASSY : L’autre partie de la Belgique, au niveau mentalité et culture musicale, ça n’a rien à voir avec notre culture à nous. C’est con mais c’est comme ça.
Olivier JUPRELLE : Ce que je voulais dire par là c’est qu’on t’appelle pour tout ce qu on a énuméré avant mais aussi parce que tu as tes antennes dans la chanson française et que tu proposes des choses qui sont en raccord, qui sont alignées avec cet univers chanson française.
Jean-François ASSY : Ça reste ma culture!
Olivier JUPRELLE : Tu ne vas pas proposer des lignes ska sur un morceau de chanson française. Ou en tous cas tu l’adapteras de manière à ce que ce soit chouette. Donc moi je suis vraiment d’accord avec ce que tu dis le fait de garder des antennes et de rester connecté à ce que tu fais comme musique et à ce que d’autres proposent.
Jean-François ASSY : Voilà ça fait partie aussi du tout quoi! Ça c’est comme tout. Je pense que le mec qui fait de l’informatique, s’il ne s’intéresse pas aux dernières nouveautés qui sortent, il est vite largué. En musique c’est pareil.
Olivier JUPRELLE : Comment tu as fait pour finalement te retrouver sur ces projets-là, être engagé par ses pointures?
Jean-François ASSY : Ça s’est vraiment c’est au fil des rencontres. Moi j’ai fait le conservatoire classique au violoncelle et donc j’étais plutôt destiné à faire un parcours vraiment très classique. Quand j’ai au 16/17 ans j’ai voulu vraiment sortir de ça parce que je n’en pouvais plus. Je sentais que c’était pas ça qui me correspondait vraiment à fond. Donc j’ai commencé vers 16/17 ans à jouer un peu dans des petits groupes à gauche à droite en sachant que c’était vraiment ça que j’avais envie de faire. Mais bon c’est pas pour ça qu’on y arrive forcément. Et puis moi c’est au fil des rencontres… J’étais très pote avec un ami violoniste qui un jour m’a appelé pour faire William Sheller. Donc là évidemment pour moi c’était la première grosse tournée importante qui sortait évidemment du milieu de la musique classique. Donc j’ai dit oui tout de suite et puis après William Sheller, très vite, j’ai rencontré un autre mec qui s’occupait e Yann Tiersen. Et hop j’ai été engagé avec Yann Thiersen. Et puis j’ai entendu parler que Alain Bashung organisait des auditions pour sa tournée retour, la tournée des grands espaces. Donc j’ai été passer l’audition. J’ai été pris. Après tu rentres dans un milieu, on parle de toi dans ce milieu, ton nom commence à être connu. Via Bashung j’ai rencontré Christophe. Quand il a pensé que ce serait bien qu’il y ait un violoncelle sur scène à côté de lui il a pensé à moi directement. C’est vraiment des rencontres et puis il y a des fois ça se fait des fois ça se fait pas!
Olivier JUPRELLE : C’est donc à la fois le réseau quelque part, le fait de quand même être dans le milieu et de faire des rencontres. Commencer avec un premier projet qui va t’amener à rencontrer d’autres personnes sur un autre projet et puis après le jour où tu fais l’audition pour Alain Bashung, il faut assurer. Donc il faut les deux! De nouveau, il faut la technique et après le réseau mais si tu as que la technique finalement tu va pas refaire de rencontres parce que ça se passe aussi là, ça se passe au bar, tu discutes avec le mec.
Jean-François ASSY : C’est sûr qu’il y a une connexion. Il y a un côté public relation. On ne peut pas être complètement fou fou dans tous les sens. Tu ne peux pas non plus être autiste. Il faut il faut quand même rester ouvert, il faut discuter avec les gens. Puis il y a des gens avec qui ça l’fait puis d’autres avec qui ça passe moins bien. C’est pas grave hein ! Je me souviens, après Bashung, j’avais été faire 2-3 heures chez le chanteur Raphaël. On a passé un très chouette moment. On a fait de la musique ensemble, très cool. Et puis une semaine après il m’a rappelé. Il m’a dit : “ouais mais je crois que finalement ma tournée je vais la faire tout seul”. Pas de problème! On a essayé, c’était cool, on s’est très bien entendu on n’est pas fâché du tout mais ça s’est pas fait. Peut-être une autre fois, peut-être jamais, voilà c’est la vie!
Olivier JUPRELLE : Merci Jeff ! A bientôt. Ciao !
Voici la vidéo de ce très chouette entretien avec un grand musicien :
Jean-François Assy est passé à la maison pour parler de son travail de musicien professionnel. Voici la transcription de cet entretien très intéressant dans lequel il explique sa méthode pour apprendre à jouer de nouvelles chansons à la guitare :
Olivier JUPRELLE : Vous avez entendu une nouvelle chanson, vous aimeriez bien apprendre à la jouer, vous ne savez pas par où commencer, comment vous y prendre… Je suis en présence de Jean-François Assy qui est musicien professionnel et qui a joué notamment aux côtés d’Alain Bashung, Daniel Darc, Hubert Félix Thiéfaine et Christophe. On va justement voir avec lui quelles sont les méthodes qu’il utilise pour apprendre à jouer ses chansons juste après ça ! Salut c’est Olivier de Guitariste Pro, pour vous aider à apprendre les grands classiques de la chanson française à la guitare acoustique si vous êtes nouveau ici songez à vous abonner! Alors Jeff tu as joué aux côtés des grands noms de la chanson française, tu dois apprendre plusieurs dizaines peut-être parfois des centaines de nouvelles chansons chaque année ouais alors quelle est la méthode que tu utilises?
Jean-François ASSY : Le premier truc c’est déjà d’acheter le disque, pas le pirater, acheter le disque donc c’est d’écouter la chanson et très pratiquement je me fais un grid. Un grid, je fais des lignes sur une feuille et puis j’ai écoute et je note les accords. voilà, la grille d’accords, avec introduction, autant de mesures, premier couplet, autant de mesure et je note les accords comme ça je me fais une structure du morceau. J’ai une petite tablette, vachement pratique dans laquelle je scanne toutes mes partitions et puis j’utilise ça sur scène, discrètement, en tout cas en répétition.Ce qui me permet de jouer les morceaux et de les mémoriser relativement vite et puis à force de les jouer sur scène et de les rejouer en balance, en sound check, en répétition et puis en concert à un moment là au bout d’une dizaine de concerts ça rentre et puis voilà quoi.
Olivier JUPRELLE : C’est intéressant donc ça veut dire que déjà à la base tu utilises pas vraiment de partitions. Tu fais vraiment une grille basique, entre guillemets, tu prends une feuille A4, tu la divises en mesures et là tu mets les accords quoi.
Jean-François ASSY : Exactement donc ça c’est vraiment la base pour avoir vraiment la structure du morceau.
Olivier JUPRELLE : Alors tes accords tu sais s’ils sont majeurs mineurs, t’as une idée quand même de la tonalité du morceau?
Jean-François ASSY : Oui tout à fait oui, tu notes accord majeur, mineur; 7ème, etc. Après moi je suis pas suffisamment calé en jazz pour commencer dans des accords très compliqués.
Olivier JUPRELLE : Dièse onze ! Il adore le dièse onze !
Jean-François ASSY : Des trucs altérés, tout ça, c’est compliqué. Enfin voila j’essaie en tout cas de noter le plus de données harmoniques par rapport à ce que j’entends et puis après si je dois jouer vraiment des lignes mélodiques très claires, ça forcément j’entends la ligne je me fais une dictée quoi. Une dictée musicale ou là j’écris en notes. Clé de sol, clé de fa, j’écris vraiment les notes, pour moi c’est plus facile après de lire à la basse aussi ça m’arrive parfois parce que je sais enfin j’ai la chance de pouvoir lire aussi les notes en tant que bassiste parfois je me fait carrément des partitionsquand les lignes sont un peu compliquées et que le chanteur veut absolument entendre cette ligne là. Parce que après il y a des lignes qui ont été faites sur disque et on peut se les réapproprier sur scène. Bashung n’était pas spécialement hyper attaché à en ligne de basse par exemple qu’il y avait sur le disque… Tant que le groove y était et que l’idée générale s’en approchait c’était ok. Mais bon, il faut quand même rester dans l’esprit. Si c’est un truc rock on ne part pas dans un truc de zouk !
Voilà plusieurs semaines que j’essaie de jouer de la guitare avec la main dans le plâtre! En effet, il y a un mois je me suis blessé en boxant. Enfin… c’est mon adversaire qui m’a blessé lorsque la pointe de son de pied a violemment percuté mon auriculaire gauche. Il faut bien avouer que ça m’a un peu chatouillé sur le moment! En enlevant mes gants ma main tremblait et ça commençait déjà à gonfler. La glace ne changeant rien je me suis rendu aux urgences. C’est là que la pire de mes peurs, mon cauchemar absolu s’est produit : le médecin m’a annoncé qu’il s’agissait d’une fracture et que j’allais devoir me faire opérer. Waouw, le choc! Cette fracture est connue sous le petit nom de “la fracture du boxeur”. Elle résulte la plupart du temps d’un coup de poing contre un obstacle dur. Son nom médical : fracture du col du 5ème métacarpien. C’est la partie la plus fragile de la main ! Besoin de m’asseoir pour avaler la pilule : je ne vais plus pouvoir jouer de guitare pendant plusieurs semaines…
J’étais évidemment pressé que ça se remette mais comme on ne peut pas aller plus vite que la musique j’ai essayé de trouver des moyens de jouer de la guitare avec une seule main. Cet article est destiné à tous ceux qui ont été victime d’une fracture, d’une entorse ou d’une coupure au poignet avec nerfs et tendons touchés… Sans encourager au nomadisme médical je vous conseille, puisque vous êtes guitaristes, à demander plusieurs avis à plusieurs médecins différents. Ce n’est pas toujours évident, vu que votre moral est déjà au plus bas, qu’on a envie d’être opéré au plus vite, mais cela vaut le coup de trouver un chirurgien spécialisé dans la main qui comprendra bien votre problématique. Je vous en parle parce que ça n’a pas été du tout mon cas. C’est l’assistant du chirurgien qui m’a opéré. Je les entendais parler pendant mon opération : “Dans l’autre sens, pas comme ça! Si tu fais ça tu vas lui casser le poignet…“. En sortant du bloc, pas un mot, à peine au revoir et quand je lui ai rendu visite pour tout vérifier il m’a juste sorti : “tout va bien, rendez-vous dans deux semaines” ! Pfff.
Je ne suis pas médecin mais je sais qu’il ne faut surtout pas solliciter la partie de la main qui a été opérée. Ne rien porter de lourd et ne pas bouger les doigts qui doivent se remettre. C’est impératif pour guérir rapidement et ça ne sert à rien de gratter un mois pour avoir des ennuis à vie par la suite. Comment faire dès lors pour ne pas décrocher complètement pendant ces longues semaines? Voici quelques techniques qui ont fonctionné pour moi :
Travailler la main saine
Vous pouvez améliorer la technique de la main qui n’est pas dans le plâtre. Vous ne prenez aucun risque et lorsque votre plâtre sera enlevé vous aurez bien progressé. Si vous êtes droitier et que votre main droite est saine vous pouvez facilement travailler :
Des aller – retour avec votre onglet sur les cordes à vide
La technique du sweep picking
Les sauts de cordes
Le fingerpicking
Le fingerstyle, avec percussions dans vos rythmiques
Si vous êtes droitier et que c’est votre main gauche qui est saine vous pouvez jouer en legato sur le manche. Cela renforcera les muscles de vos doigts et vous gagnerez en précision ! Travailler le hammer on est également une option intéressante. Frappez la note avec la main gauche uniquement. Profitez-en pour travailler la technique du pull-off qui se joue en tirant légèrement la corde vers le bas puis en la relâchant rapidement. Dernière option : le tapping à une seule main à la guitare. Vous pouvez essayer de jouer le riff de Thunderstruck !
2. Jouer avec un seul doigt
Si votre plâtre n’englobe pas tous vos doigts vous pouvez essayer de jouer quelques titres avec un seul doigt. Une chanson comme “Miserlou” de Dick Dale. Ou plus simple encore : The kinks “You really got me”, The Beatles “Day tripper”, Metallica “Enter sandman”, CCR “Fortunate son”, James bay “Hold back the river”, Snow Patrol “Chasing Cars”, Green day “Boulevard of broken dreams”, The troggs “Wild thing”, Blink 182 “All the Small Things” et même le thème de James Bond !
Vous pouvez également accorder votre guitare en Drop D et jouer la quasi totalité du répertoire Neo-métal avec un seul doigt !
3. S’entraîner à trouver les notes
Vous pouvez également vous entraîner à trouver les notes sur le manche de votre guitare. Notez toutes les notes au dos de petits papiers, mélangez le tout et essayez de les trouver rapidement. A chaque fois sur une corde différente ou bien la même note sur chaque corde. En commençant par la corde la plus grave et ensuite par la corde la plus aiguë.
4. Profitez-en pour écouter plus de musique.
Vous ne pouvez pas jouer autant que d’habitude. Profitez-en pour partir à la recherche de nouveaux disques, de nouveaux guitaristes. Regardez des guitaristes en action sur Youtube, découvrez de nouveaux solos sur Deezer, faites le tri dans votre librairie musicale !
La rééducation
Attention! Après une période d’inactivité, il peut être néfaste de se remettre à jouer et solliciter des muscles, articulations ou soudures d’os incomplètes. Ceci dit, d’un cas à l’autre c’est différent et il est possible que la guitare soit une bonne rééducation pour vous. Le mieux est d’en discuter avec votre médecin et ensuite avec votre kiné en lui expliquant bien les mouvements que vous effectuez à la guitare.
Courage en tous cas, c’est un mauvais moment à passer. Une phrase m’a beaucoup aidé pendant toute cette période : “Maybe life isn’t about avoiding the bruises. Maybe it’s about collecting the scars to prove we showed up for it”. Que l’on pourrait traduire par : “Peut-être que la vie ne consiste pas à éviter les bleus mais plutôt à recueillir les cicatrices pour prouver que nous nous sommes venus pour ça”. Et puis… Django Reinhardt jouait très bien avec quelques doigts en moins!
La version vidéo de cet article est ici :
Quelles sont sont astuces pour jouer de la guitare avec un plâtre? N’hésitez pas à partager votre expérience dans les commentaires !
La guitare est un instrument harmonique qui permet de développer une véritable originalité dans l’accompagnement. Comment être plus expressif, plus original sans tomber dans la sophistication ? Quelles sont les techniques d’embellissement que j’utilise concrètement dans mes compositions ? Voici 3 façons créatives que j’utilise pour enrichir une grille de 3 accords :
1. La première chose à faire c’est d’embellir les accords.
Il y a beaucoup de manières différentes de le faire, je vais te parler ici de mes deux préférées, celles que j’utilise tout le temps !
A. En substituant par l’accord relatif
Chaque accord de sixième possède un accord mineur septième relatif qui lui est absolument identique. C6 = Am7 : c-e-g-a = a-c-e-g. Cette relation est
facile à mémoriser puisque la fondamentale de l’accord mineur 7 est la sixte de l’accord majeur.
Prenons un exemple concret : ma chanson « Dix heures dans le noir » :
Voici la grille de base :
On peut substituer C à A-. Si je le remplace dès le début, on perd la couleur harmonique de la chanson. Je vais donc l’utiliser un peu plus loin dans la même mesure. Attention avec les substitutions d’accord, c’est comme avec le gingembre et le citron, ça doit s’utiliser avec parcimonie, un bon dosage. Ici il ne faut pas plus. Ce qui donne :
Et coup de bol, C est la dominante de F, ce qui facilite la transition.
B. En rajoutant des extensions
Toujours dans cette logique d’embellissement des accords, il est possible de rajouter une 7ème ou une tension (9, 11, 13) ou les deux aux triades de base
(1 3 5). Ce que j’adore faire c’est jouer ces accords enrichis en début de manche. Prenons la septième majeure : CM7, DM7, etc. Toutes les cordes sont utilisées et le jeu en début de manche donne beaucoup d’amplitude au son. Appliquons ça à ma chanson « Dix heures dans le noir » :
Il y a de nombreuses autres possibilités, comme les accords SUSPENDUS, Additionnés, mais on ne peut pas tout couvrir dans une seule vidéo de 5 minutes.
Si tu veux aller plus loin je t’invite à télécharger mon guide des accords ouverts, c’est gratuit ! Il suffit de cliquer ici
2. La deuxième chose à faire c’est d’enrichir ton jeu en le rendant plus précis. Il y a plein de manières différentes de le faire, je vais te parler de mes deux préférées ; le fingerstyle et la guitare percussive.
A. Fingerstyle
Le « fingerstyle » « c’est l’utilisation de chacun des doigts de la main droite de manière indépendante afin de jouer les pièces multiples d’un arrangement musical qui devraient normalement être joué par plusieurs membres d’un orchestre ; la basse, l’accompagnement harmonique, la mélodie et les percussions peuvent tous être joués simultanément lors du jeu en Fingerstyle ». Source wikipédia.
Ici on va s’inspirer de cette technique sans pour autant jouer la mélodie :
B.Guitare percussive. On essaie d’exploiter autre chose que les notes. Ça surprend le public.
3. La troisième manière c’est de capter l’oreille de l’auditeur en créant un Gimmick, une petite phrase, un son particulier, une formule rythmique identifiable qui imprégnera facilement la mémoire, comme dans la chanson de James Brown ; “can’t stand myself”. Et pour bien la différencier je vais la jouer à la guitare électrique.
Voici la vidéo de ce tutoriel en trois parties 🙂
Question du jour, dites-moi dans les commentaires ce que vous faites pour améliorer vos progressions d’accords, si vous avez des astuces simples et efficaces à partager?
J’ai récemment vécu une super expérience de studio d’enregistrement à l’ICP de Bruxelles (Belgique). Avec les “home studios”, le passage par les studios d’enregistrements coûteux se fait plus rare. C’est pourtant un vrai plus pour la production de vos chansons. Avec une bonne préparation et une bonne organisation, vous rentabiliserez très rapidement votre investissement, à la fois en temps et en qualité. Voici 10 conseils pour réussir votre session dans un studio d’enregistrement.
Les arrangements
La toute première étape a été de finaliser les arrangements. Alex, le chanteur, est venu me voir avec une vingtaine d’idées de chansons. Parfois très basiques comme une suite d’accords qu’il aimait bien et parfois plus développé avec une ligne de chant, du texte et plusieurs parties qui s’enchaînaient déjà. Si vous aimez composer, je vous invite à aller lire mon article comment écrire une chanson en 9 étapes faciles. Nous avons travaillé sur les 20 chansons en essayant de leur donner une chance à chacune! Certaines nous inspiraient plus que d’autres. Nous en avons gardé une dizaine et nous avons décidé d’y consacrer toute notre énergie. Voici un extrait des prémices de la chanson “Far away” :
Ce travail d’arrangements préalable est essentiel à la réussite de votre projet. Vous allez déterminer comment la chanson démarre, sa structure, les différentes parties et comment elles s’enchaînent, s’il y a des solos, un fingerpicking particulier, des moments instrumentaux, clarifier les lignes de chant, le texte et comment les chansons se terminent. Ce que j’ai particulièrement apprécié pendant ce travail c’est que nous n’avions pas d’ordinateur. Juste deux guitares. Lorsque nous étions confronté à un problème, la solution se trouvait dans la ligne de chant ou dans l’accompagnement guitare. Impossible d’aller essayer un synthé, un break batterie, des violons pour solutionner le problème. Certains vous diront que le travail d’arrangement et la production d’une chanson sont liés mais dans ce projet-ci, clairement orienté guitare acoustique (Ben Howard et Nick Drake étaient de grosses références), j’ai adoré travailler sur les chansons pour qu’elles fonctionnent déjà guitare/voix. Cela présente deux gros avantages. Le premier c’est que pour défendre ses chansons l’artiste n’aura pas besoin de plus qu’une guitare acoustique. C’est un vrai plus lorsqu’on démarre car cela permet de s’insérer facilement en première partie d’un autre artiste, de proposer un set acoustique de 30 minutes sans avoir besoin de musiciens et de pouvoir chanter une chanson en promo radio ou télévision. Deuxièmement c’est super chouette de démarrer la préproduction sur des chansons déjà arrangées. On peut enfin tester cette idée de cordes qu’on avait depuis le début, ce groove batterie, cette ligne de basse. Les titres ont besoin de très peu pour prendre instantanément une belle allure.
2. La pré-production
C’est ultra, méga important d’avoir une idée claire de la direction artistique des titres, une vision sonore du projet et de travailler avec des références. Une bonne pré-production, avec des sonorités proches du résultat escompté, les bonnes structures, les bons textes, le bon tempo vous feront gagner 2 à 3 fois plus de temps les jours d’enregistrements. Vous pourrez communiquer facilement avec vos musiciens et ingé son en leur faisant écouter vos références, en leur expliquant clairement ce que vous attendez d’eux, de leur son, de leur jeu. Avec des idées claires vous pourrez facilement enregistrer jusqu’à 6 titres par jour. Pour cela tout doit être bien préparé. Vous devez avoir les grilles d’accords, les lignes de basse, les groove batterie, les riffs de guitare. Évitez d’ouvrir des pré-productions qui ne sont pas convaincantes, vous voulez donner une bonne impression à l’équipe et leur transmettre une bonne énergie. Gardez ces projets sur le côté, continuez à les travailler à la maison et proposez-les lorsqu’ils seront plus aboutis.
3. Choisir un studio et une configuration
La configuration live est la plus belle configuration qui existe. Vos productions seront organiques, imparfaites et pleines d’émotions. C’est aussi la configuration la plus complexe à mettre en place. Ce n’est pas évident de réunir tous les musiciens au même moment et de leur donner les partitions avec la structure finale de la chanson. Un bon compromis consiste à enregistrer les rythmiques en live. Basse, batterie et pourquoi pas les guitares. C’est la configuration que j’avais choisie et en visitant les studios ICP j’avais une demande très claire : il fallait que nous puissions enregistrer 3 instruments en live. C’est donc le studio B qui nous a été conseillé. La batterie dans une pièce, la basse dans la control room et la guitare acoustique dans une autre pièce. Le tout avec des vitres qui permettent aux musiciens de se voir et des fenêtres qui apportent de la lumière du jour.
4. Montez votre équipe
Choisissez des musiciens chevronnés. Pour mes albums j’ai travaillé avec des amis musiciens en me disant que l’ambiance dans le studio allait être plus sympa qu’avec des mercenaires. Je me suis trompé. J’ai passé énormément de temps à recaler leurs prises et ça m’a coûté plus cher que si j’avais fait appel à des vrais pros du studio. C’est un vrai métier musicien de studio et si tout le monde s’arrache les meilleurs ce n’est pas pour rien. Pour cette session j’ai eu la chance de réunir Nicolas Fiszman à la basse et Philippe Entressangle à la batterie. Leur réputation les précède et plusieurs connaissances avaient déjà eu es expériences positives avec eux. Je savais que c’était un bon choix. Tout cela s’est confirmé lorsque le travail a commencé avec eux. Philippe Entressangle m’a demandé de lui envoyer les préproductions pour relever les structures et se faire une idée de la direction artistique. Nicolas Fiszman, qui était en tournée au Canada avec Francis Cabrel lorsque je l’ai appelé, préférait découvrir les chansons au studio, le jour des enregistrements. Il peut compter sur son oreille à toute épreuve et une capacité à mémoriser les structures très rapidement. Pendant les sessions ils ont joué les morceaux sans fautes et m’ont régulièrement proposé de très bonnes idées, tout à fait alignées avec la direction artistique du projet. L’exécution était parfaite et ils furent très créatifs ! Après les enregistrements j’ai récupéré les sessions pro tools pour refaire quelques guitares à la maison et j’ai pu voir à quel point leur mise en place était solide. Vraiment le voir dans les sessions, avec les grilles du tempo et la basse et la batterie calées dessus. C’est vraiment impressionnant et ça vaut le coup de dépenser plus d’argent pour faire appel à des mecs d’un si bon niveau.
Choisissez un ingénieur du son qui est habitué à votre style de musique. Dans le cas de cette session j’ai fait appel à Erwin Autrique. Je connaissais son travail avec Benjamin Biolay et Vanessa Paradis. Je savais qu’il avait enregistré le premier album de Louise Attaque, qu’il avait aussi travaillé avec Renaud et Cyril Mokaiesh et ça faisait longtemps que j’avais envie de travailler avec lui. Ses compétences techniques sont impressionnantes au niveau de la prise de son, il connaît les studios ICP par coeur et il est vraiment sympa. En plus c’est un vrai motard qui roule toute l’année! Nous avions donc des atomes crochus. C’est également Erwin Autrique qui a mixé les chansons. Je savais que c’était un métier mais là j’ai vraiment compris qu’il y avait des mixeurs bien meilleurs que d’autres. Erwin Autrique en fait partie. Ses mixes ont sublimés les chansons à un point que je ne pensais pas possible. Mon plus grand regret est de n’avoir pas travaillé plus tôt avec lui.
5. Établissez un planning
A la fois pour les arrangements, la préproduction, le studio et les réenregistrements. C’est important d’être précis, d’avoir des délais à tenir. C’est la loi de Parkinson. Si vous prévoyez un mois pour faire quelque-chose, vous mettrez un mois. Si vous prévoyez 3 jours, vous mettrez trois jours. Essayez donc de vous fixer des objectifs clairs. Soyez raisonnables mais n’hésitez pas à vous mettre un peu de pression et à raccourcir les délais. Vous verrez que vous y arriverez! En studio commencez par les titres que vous maîtrisez le mieux, le temps d’avoir un rythme de travail et de laisser tout le monde trouver ses marques.
6. Préparez vos instruments
Il y a une pièce aux studios ICP dans laquelle du backline est stocké. Des batteries, des amplis, des pédales, des claviers, etc. C’est la caverne d’Ali Baba ! Tout ce matériel est disponible gratuitement. Philippe Entressangle a utilisé une batterie de l’ICP et Nicolas Fiszman une basse et un ampli. Alex, le chanteur, m’avait prêté deux guitares acoustiques de dingue pour enregistrer ce projet : une Boucher et une japonaise dont le nom m’échappe. J’ai monté des Elixir 0.13 dessus. Je vous invite d’ailleurs à lire mon article comment choisir les cordes de sa guitare. N’attendez pas le dernier moment pour changer vos cordes, vous risqueriez d’avoir un son trop propre. Vérifiez la vis de réglage de la torsion du manche (Truss Rod) qui donne la courbure du manche entre la tête et la jonction à la caisse. Il est possible de faire ce réglage soi-même et ça vaut vraiment le coup d’essayer par 1/4 de tour successifs, ça change souvent beaucoup le confort de jeu. Deuxième point à vérifier : la hauteur de cordes sur les sillets de tête et de chevalet. Là c’est à réserver aux professionnels, qui ne pourront pas le faire directement. Soyez donc prévoyant. Prévoyez également des jeux de corde de rechange, du fastfret pour éviter les bruits de doigts sur les cordes : le fameux “Finger Squeak”. Le revêtement des Elixir pour les cordes acier permet de minimiser cet effet. Se huiler un peu la main gauche peut aider aussi. Lorsque vous entrez en studio votre matériel doit être impeccable et si vous hésitez encore sur le type de guitare qui conviendra le mieux à votre projet je vous invite à lire mon article ici !
7. Établissez vos priorités
La priorité absolue ce sont les rythmiques. C’est pour ça que vous êtes là. Enregistrer les rythmiques (basse/batterie) en live, va donner une dimension professionnelle à votre production. Vous allez également personnaliser votre univers et profiter du talent de vos musiciens pour élever le niveau, accentuer le côté organique et donner une cohérence et une couleur à vos chansons qui n’auront plus rien à voir avec vos démos. Tout ce qui est piano, cordes, guitares, chœurs, etc. peut être fait à la maison, dans votre home studio. Concentrez vous donc sur votre priorité. Si vous pouvez rajouter un instrument aux rythmiques ce sera un gain de temps mais une difficulté en plus à gérer. A vous de voir ce qui sera le plus efficace, si les musiciens seront capables d’enchaîner les prises sans se tromper afin de choisir la meilleure prise, celle qui mettra le plus en valeur la chanson. Pour cela c’est toujours mieux d’engager vos musiciens pour toute la journée. Cela vous permettra d’être bien concentré sur un seul objectif et de ne pas devoir penser aux musiciens qui doivent arriver plus tard. Un journée doit être une journée complète pendant laquelle vous enregistrez les rythmiques avec les musiciens que vous avez engagés. Rien de plus. De nouveau, au plus simple, au mieux. Évitez de vouloir tout rentrer, ça ne fonctionnera pas. Je me permets d’insister car pendant cette session à l’ICP c’est Philippe Entressangle qui a joué les batteries. Philippe était en concert tous les soirs au Cirque Royal avec Zazie. Il devait impérativement quitter le studio à 18h. Je voulais absolument enregistrer avec lui et il n’y avait pas d’autres choix et malgré sa bonne volonté cela nous a fait perdre du temps.
Si vous devez enregistrer des cordes je vous conseille de le faire après. Les structures des chansons risquent de changer pendant les enregistrements des rythmiques. L’arrangeur cordes devra donc recommencer toute son orchestration. Il est très simple d’enregistrer des cordes à la maison et si votre arrangeur est débrouillard il pourra même empiler les couches lui-même. Vous n’aurez pas besoin de payer un quatuor ! C’est Jean-François Assy (Bashung, Christophe, Thiéfaine) qui a écrit les arrangements de cordes. Il est passé à l’ICP pour rencontrer l’équipe et il a ensuite tout enregistré chez lui, tout seul, comme un grand! Et c’était très réussi.
8. Évitez les visites
C’est toujours sympa d’avoir de la visite mais concrètement c’est souvent un peu ennuyant car il faut taper la discute, accueillir les invités, leur proposer un truc à boire, faire écouter, être disponible. Ça bouffe du temps et les conditions ne sont pas idéales pour parler.
9. Cadenassez la logistique
Les journées commencent à 10h et se terminent à 22h. Inutile de préciser que c’est ultra fatigant. Deux jours de suite et vous êtres déjà sur les genoux ! Je vous conseille vivement de bien dormir. On est souvent excités et ce n’est pas toujours évident mais vous aurez besoin de toute votre énergie. Essayer de bien vous hydrater, de manger sainement (évitez les snacks même si ce n’est pas évident). Prévoyez un catering de base pour votre équipe avec quelques bouteilles d’eau, des fruits et des snacks sains !
Si le studio le permet, mangez sur place à midi. C’est super important. On perd un temps fou à aller acheter un sandwich ou à réchauffer un truc dans la cuisine et servir les assiettes. A l’ICP il est possible de commander un repas chaud à midi. C’est très bon, on vous sert à table et vous ne devez penser à rien. S’il y a bien un point pour lequel la dépense vaut le coup c’est celui-là. Quand il y a une pause, c’est pour tout le monde, vous y compris. Profitez-en pour vous changer les idées, taper la causette et charger vos batteries.
10. Les photos et les vidéos
C’est toujours mieux de prendre quelques images car vous pourrez vous en servir en promo. L’idéal c’est de demander à un pro (discret) de passer à un moment. Vous n’avez pas le temps, les journées sont ultra chargées et filmer ou prendre des photos “pro” vous demandera de régler les appareils, changer les cartes, poser les pieds, lancer les enregistrements, les arrêter, décharger la matière, etc. Si vous n’avez pas le budget pour engager un pro ou pas d’amis vidéaste intéressé essayez d’être le plus simple possible. Un seul appareil avec une seule optique qui ouvre bien (vous êtes en studio et il n’y a pas souvent de lumière du jour), un pied et c’est tout ! Utilisez votre temps pour avancer sur votre production musicale. J’avais demandé à Erwin Autrique de prendre son 5d pour filmer. Le matin du premier jour j’ai changé la carte et avec le stress j’ai enfoncé un des pins du boitier. La réparation a coûté plusieurs centaines d’euros que j’aurais mieux fait d’investir en payant un pro!
J’ai réalisé une petite vidéo qui montre un peu l’ambiance de travail :
Voilà mes 10 conseils suite à mon expérience en studio d’enregistrement. Qu’en pensez-vous? Avez-vous d’autres astuces à partager? Dites-le moi dans les commentaires !
Mon expérience au Club Med Artiste a commencé il y a quelques semaines lorsque j’ai reçu un mail d’une personne qui avait vu mes vidéos de reprises sur internet: “Ça vous intéresserait de partir une semaine au Club Med de Val Thorens en tant que guitariste? Il faut jouer tous les soirs un répertoire plutôt en anglais et le reste de la journée est libre. Tout est compris ; logement, boissons, nourriture. Il faut compter 100 euros pour le forfait ski (au lieu de 240 euros pour le public) et les frais pour aller jusque là”.
Mes souvenirs du club med remontent à mon enfance, lorsque mes parents nous emmenaient avec mon frère pour une semaine à la montagne en été ou en hiver. Et puis arrivent les images des Bronzés font du ski ! Le Club Med a-t-il évolué depuis? Je vais voir sur internet à quoi ressemble le Club Med de Val Thorens. Nouveau bâtiment à la déco très moderne qui ne me parle pas plus que ça. Je me renseigne ensuite autour de moi. Mon kiné m’explique que c’est surtout un club pour faire la fête. Les gens viennent pour skier mais aussi pour faire des rencontres et participer aux soirées organisées le soir. Les enfants ne sont d’ailleurs pas admis. Encore un truc qui ne m’attire plus. Mais j’adore le ski, les musiciens de l’équipe ont l’air sympas et j’ai vraiment besoin de changer d’air. J’en parle donc à ma femme, très compréhensive malgré le fait que cela signifie pour elle de s’occuper de nous deux enfants en bas âge pendant une semaine et de laisser son homme partir dans un club de fêtards. Elle accepte quand même. Elle sait que j’ai besoin de me changer les idées.
Second paramètre important : je n’ai aucune expérience dans un groupe de reprises. Je demande donc de m’envoyer le répertoire à connaître, histoire de voir si cela va me demander beaucoup de préparation. Les concerts sont destinés à un public international qui vient pour s’amuser, inutile de dire qu’il n’y a pas beaucoup de reprises de Georges Brassens dans la liste. Beaucoup de chansons que je ne connais même pas, en anglais pour 90%… Aie, aie, aie. Le sort s’acharne ! Je vais devoir préparer tout ça. J’appelle le guitariste du groupe. On décide ensemble de se répartir les chansons de la manière suivante : lui s’occupe des chansons à la guitare électrique (AC/DC, Dire Straits, Chic, etc.) et moi des chansons à la guitare acoustique (Clapton, Beatles, More than words, Hotel California, …). 40 chansons à apprendre et surtout une véritable motivation : il faudra les jouer sur scène ! Comme dit l’adage ; il y a une grande leçon de musique dans chaque chanson. Ça vaut la peine de s’y atteler. Je décide donc d’accepter et je confirme ma présence.
Nous voilà quelques semaines plus tard, avec ma valise et ma guitare à Dinant, lieu du départ. J’ai quitté la maison à 6h, embrassé femme et enfants avant de m’enfoncer dans une Belgique enneigée comme cela arrive très peu. On m’attend avec les croissants et un café, le temps d’échanger quelques mots et de faire connaissance, de préparer les sandwiches, de charger les valises et de partir. C’est la tempête de neige en Belgique. Heureusement nous sommes équipé de pneu neige et d’un 4X4. On roule à 70km/h depuis plus d’une heure lorsqu’on croise le premier accident, aux environs d’Arlon. La neige tombe de plus en plus. La radio annonce d’autres accidents. Je partage la voiture avec avec le saxophoniste du groupe et j’en profite pour faire connaissance. Il vient à Val Thorens depuis 10 ans, plusieurs fois par an. Il me parle du club : “Ca s’est calmé. Il y a 10 ans c’était l’orgie, ça allait trop loin. Maintenant c’est toujours la fête mais ils ferment le bar à un moment et tout le monde sort alors dans le centre de Val Tox (le petit nom que les habitués donnent à la station)”. Il me parle de la clientèle plutôt aisée ; russes, brésiliens, australiens, chinois et américains qui viennent avec les frères et les cousins. Ils paient chacun 1850 euros pour leur semaine et plus encore pour ceux qui prennent des suites. Il me parle aussi des semaines blanches (lorsqu’il neige toute la semaine). Il faut alors jouer plus souvent pour les clients qui restent au village.
La route continue, elle est dangereuse. Les rafales de vent, les autoroutes françaises deux bandes non éclairées, la pluie verglaçante. On arrive enfin en bas du col de 35 km. La gendarmerie vérifie que nous sommes bien équipés en pneu neige ou avec des chaînes. La montée commence mais nous sommes arrêtés à mi-chemin parce qu’ils déclenchent une avalanche pour sécuriser la route : une heure d’attente dans la voiture. En redémarrant on se rend compte qu’il n’y a presque plus d’essence. Nous sommes aux Menuires, il reste 9km et l’ordinateur de bord nous annonce 4 km d’autonomie, 3, 2, 1 et puis plus rien! Nous arriverons heureusement tout juste à la pompe de Val Thorens. L’aventure aura continué jusqu’au bout. Les sports d’hiver, ça se mérite !
Les G.O. (gentils organisateurs) nous accueillent avec un grand sourire et nous aident à décharger notre matériel. Nos chambres artistes ne sont pas encore nettoyées et nous pourrions dormir la première nuit dans une chambre normalement réservée aux clients. Une lueur d’espoir s’installe : nous passerons peut-être la semaine là, vu que le club n’est pas complet. En attendant d’avoir la confirmation nous montons déjà les instruments dans le bar principal situé au 4ème étage car, seconde nouvelle, le chef de village aimerait que nous jouions dès ce soir ! Ouch. Voilà 14 heures que je suis en route, je n’ai pas encore mangé et je vais devoir assurer un concert de 90 minutes, dans un nouveau répertoire et avec des musiciens que je ne connais même pas. Quelle journée ! Je fais très vite la connaissance des autres musiciens venus de Liège : un jeune mec à la batterie, son père à la basse et l’autre guitariste. Nous filons au resto enfiler un truc avant de monter les instruments sur scène. La setlist est rapidement rédigée. Le baptême du feu va pouvoir commencer!
On m’avait dit qu’il y avait des amplis sur place mais il n’y en a pas. L’ingé son, plus DJ qu’ingé son d’ailleurs, me propose de rentrer directement dans la table via une DI Box. Je lui demande de faire quelques réglages : moins d’aigus, un peu plus de hauts medium et moins de basse. Ce n’est pas son truc apparemment ! Mon son n’est pas terrible, encore moins quand je passe en distorsion. Le volume est difficile à gérer entre les rythmiques en strumming et les solos. Avec un ampli les choses auraient été plus simples ! Le temps presse et nous voilà déjà occupés à jouer le premier morceau. Moi qui suis habitué à répéter mes concerts j’éprouve un peu de mal à passer d’une chanson à l’autre, même en lisant mes partitions. De l’autre côté de la scène le bassiste joue sans partitions. Quoi? Il enchaîne les chansons, les parties sans se tromper, tout ça par cœur ! Je n’en reviens pas. Je regarde bien s’il n’y a pas de copions. Rien ! Il m’expliquera ensuite connaitre des centaines de chansons par cœur. Le groupe assure, tout le monde est habitué à l’exercice et connait très bien le répertoire. Je suis impressionné et je sens que je vais devoir m’accrocher. C’est va être plus compliqué que ce que je ne pensais ! Je terminerai le set sur les genoux et j’irai directement dormir comme ça, sans récupérer ma valise dans la voiture garée dans un parking assez loin pour ma première nuit en altitude, souvent la moins bonne.
La matinée du lendemain sera consacrée à la signature du contrat avec le Club Med (le bureau des ressources humaines n’est ouvert qu’à partir de 11h et sans contrat pas de ski pass), l’achat du ski pass (100 euros) et la location de mon snowboard et des chaussures (inclus). Nous jouons à 19h ce soir. Installation et choix des chansons que nous allons jouer vers 18h. Il me reste une bonne partie de l’après-midi pour aller skier. Le temps de manger et de rassembler nos vêtements de ski et nous voilà sur les pistes pour les premières sensations. Il neige beaucoup, le ciel est couvert, j’en profite pour me remettre dans le bain et retrouver mes réflexes en descendant la même piste bleu. Ça fait 10 ans que je n’ai plus skié mais le snowboard c’est comme le vélo ; ça revient vite. A ce moment-là je ne sais pas encore que j’aurai la chance de suivre d’autres musiciens qui connaissent le domaine des 3 vallées par cœur, skient comme des brutes et m’emmèneront hors des pistes, dans une poudreuse à peine tracée sous un ciel bleu et ensoleillé. Ces moments seront magiques, un bonheur pur, des sensations fortes qui me permettront de ne plus penser à rien, de me changer les idées pour de vrai ! Mais là, pour le moment, j’essaie d’éviter les fautes de quart et les chutes. Ma première descente de piste bleu me fait carrément peur !
La semaine continuera sous ce rythme : quelques heures de ski lorsque le temps le permet et un concert le soir à 19h puis un petit verre aux soirées du club avant d’aller dormir. Jeudi on me demande de jouer seul à la guitare dans l’espace lounge : l’Epicurious. On peut s’asseoir tranquillement, boire un bon verre ou même manger à la carte. Musique d’ambiance jazzy et personnel attentif : c’est mon endroit préféré dans le village. Le set acoustique sera un mélange de quelques reprises avec mon répertoire original. Une guitare et une voix. Ce genre d’exercice me convient parfaitement. Je propose à la chanteuse du groupe de participer. Elle accepte avec plaisir et nous prenons 30 minutes pour choisir les chansons que nous allons interpréter, ce que je n’avais pas encore eu l’occasion de faire jusqu’ici. C’est chouette de pouvoir privilégier les chansons qu’on aime. Il faut jouer une heure que je réparti de la manière suivante : 25 minutes de matériel original et 35 minutes de reprises. On va chanter en français même si le gérant de l’espace insiste sur la présence d’un public international qui ne connait pas la chanson française et m’encourage à ajouter des chansons en anglais. Comme je suis professionnel je rajoute More than words et English man in New York dans la setlist.
Il neige. J’en profite pour récupérer mon retard professionnel. Installé avec mon ordinateur portable à une table, la serveuse me propose un cocktail sans alcool : jus de craberry, d’ananas, de banane et d’orange mélangés. J’ai demandé un accès premium au WIFI mais la connexion est tout de même mauvaise : 1,7 m/s avec le vent dans le dos. Cet accès premium, comme d’autres choses, est payant. Le Club Med est contrôlé par Fosun, son actionnaire chinois principal, depuis quelques années. On sent que la rentabilité fait partie de leur nouvelle stratégie et beaucoup de privilèges accordés aux musiciens ont disparus. Le forfait ski, gratuit pour les musiciens il y a encore quelques années est désormais payant. Le tarif reste préférentiel ; 100 euros la semaine au lieu de 240 euros. Les boissons au bar sont également payantes. Nous avons réussi à négocier cela avec le chef de village, très compréhensif, qui nous a accordé les boissons gratuites mais c’est une exception : normalement il faut payer pour les boissons en-dehors des repas. Les musiciens ne sont plus logés dans le village mais dans un bâtiment extérieur. Une navette passe trois fois par heure. Ce n’est pas du tout pratique. Lorsqu’on va skier, il faut ensuite retourner à Val Roc prendre une douche et se changer pour jouer le soir, quand ce n’est pas à 16h30. On perd beaucoup de temps à faire ces aller/retours. Et le soir il n’y a plus de navettes, il faut rentrer à pied, souvent sous la tempête de neige. Les musiciens que j’accompagne et qui sont habitués au Club Med m’expliquent que les privilèges artistes diminuent un peu plus chaque année.
A 22h je monte sur scène pour démarrer le concert. Mis à part mes camarades musiciens qui sont venus écouter par sympathie, il n’y a pas grand monde dans la salle. Le chef de village a eu la bonne idée de programmer le spectacle des G.O. en même temps dans la grande salle du 4ème étage. Je démarre tout de même avec quelques compositions originales : J’ai horreur des voyages, Le goût de toi, et Le bruit et la fureur. J’enchaîne ensuite avec une reprise acoustique un peu décalée des Démons de minuit d’Images. La chanteuse me rejoint sur scène pour une reprise de Johnny Hallyday : Ma gueule, une de mes chansons préférées de l’artiste. Nos deux voix fonctionnent bien et j’apprécie vraiment cette formule acoustique pendant laquelle je peux proposer un accompagnement à la guitare un peu plus sophistiqué. Le set se prolonge avec Foule Sentimentale d’Alain Souchon, Message personnel de Françoise Hardy, Un homme heureux de Sheller. J’invite ensuite le bassiste du groupe à venir chanter quelques chansons de son répertoire et je clôture avec ma reprise en fingerstyle de Benjamin Biolay : La superbe. C’est à ce moment qu’un groupe d’anglais me demandent : “One more” ! Ça me fait plaisir 🙂 J’enchaîne avec Une fille m’a dit. Les anglais, très sympas, me font un beau compliment : “great song, great voice ! ” (belle voix, belle composition). Et me demandent comment l’histoire de la chanson se termine. Je laisse ma réponse en suspens. J’avais pris quelques disques pour les vendre après les concerts mais je comprends que ce n’est pas l’idée au Club Med, dans une formule “all inclusive”.
Vendredi nous jouons à 16h30 et à 19h dans la grande salle. Un set d’une heure à chaque fois. La neige continue à tomber et je n’ai pas vraiment envie d’aller skier dans ces conditions. Me revoilà dans l’espace lounge avec mon ordi à avancer sur l’écriture de cet article. Une éclaircie fait soudainement son apparition. C’est l’avant dernier jour et je veux skier. Avec le saxophoniste nous décidons de foncer à l’appartement enfiler nos vêtements de ski. Nous n’aurons jamais été aussi rapide pour monter sur un télésiège. Le ciel restera bleu une petite heure mais nous en profiterons à fond avant de rentrer à Val Roc pour nous changer en vue du concert du soir. Réunion à 18h pour choisir les chansons. On se permet de reprendre certains titres joués en début de semaine. On sent que le groupe joue tous les soirs, l’ambiance est très bonne et ça envoie ! Le guitariste propose d’optimiser l’éclairage pour une formule “concert”. C’est vrai que pour le moment on se croirait dans un hôpital. Les lumières LED sont froides et il y a du niveau partout. L’ambiance change instantanément : nous aurions dû y penser plus tôt! Ce sera notre meilleure performance. Les G.M. applaudissent, l’ambiance est au rendez-vous et tout le monde s’éclate sur scène. Ce concert restera un très bon souvenir.
Regard par la fenêtre au réveil le lendemain matin : le beau temps n’est toujours pas au rendez-vous. Pas de chance décidément. J’espère une amélioration dans l’après-midi. Elle n’arrivera pas et je finirai par me retrouver tout seul sur la piste des deux lacs ! Nous jouons à 19h aujourd’hui. Ce sera le dernier set de la semaine. Je monte sur scène avec l’envie d’en profiter un maximum et déjà une forme de nostalgie. Le temps passe vite et le concert se termine avec “Allumer le feu” de Johnny Hallyday. Le claviériste et moi ne connaissons pas le morceau. Nous regardons attentivement le bassiste qui nous dicte les accords tout en jouant : “Fa, mi, ré…”. Après une semaine à faire ça je commence à avoir l’habitude et un tour plus tard j’ai le morceau dans les doigts. Ça envoie bien, on s’amuse sur scène et le public y est réceptif.
Lever dimanche à 7h pour embarquer les valises dans les voitures. Nous filons ensuite au petit-déjeuner. La météo s’annonce très bonne avec un beau grand ciel bleu. Un peu frustrant de voir ça le matin du départ ! Il y a d’ailleurs déjà beaucoup de monde en tenue de ski qui prend des forces avant d’aller sur les pistes. Bande de veinards ! Je croise un anglais chevelu qui me demande de quelle année est ma guitare, m’explique qu’il joue plutôt sur une électrique. J’enfile mon “english breakfast” et prépare un sandwich pour la route et nous quittons Val Thorens à 8h30. En bas du col le GPS nous fera passer par le Lac D’Annecy et les routes départementales. Pas idéal pour le confort de conduite mais une économie de 100 km en essence et moins de péages. Nous arriverons à 18h au lieu de rendez-vous. Je récupère ma voiture et roule en direction de la maison ou ma petite famille m’attend, des souvenirs plein la tête et l’envie de leur raconter tout cela en les serrant très fort dans mes bras.
Quelques conseils avant de partir :
En préparant les valises pensez à bien séparer ce qui est musique du reste. Comme les chambres ne sont pas sur place et que vous êtes susceptible e jouer le premier soir, rassembler tout le matériel musique dans un sac à part. Vous pourrez laisser votre valise à l’appart et apporter le reste au village.
Je vous conseille aussi de préparer les chansons dans leur entièreté. C’est-à-dire de bien connaître les différentes parties, de savoir les enchaîner et de ne surtout pas compter sur une répète. Une fois sur place, il n’y a pas le temps pour répéter. La setlist est déterminée une petite heure avant de monter sur scène et il faut savoir jouer les morceaux directement. Lancer les intros, avec les bons tempos, de manière créative, avec un bon son. Vous devrez être prêt à improviser un beau solo sur les grilles, avec les variations, à n’importe quel moment. Ce n’est pas évident. Le mieux c’est de connaître les chansons par cœur.
C’est important d’apprécier le répertoire qui va être joué. C’est la raison pour laquelle j’ai particulièrement apprécié mon concert du jeudi dans l’espace Lounge. J’ai pu jouer un répertoire en français que je connais bien, que j’apprécie et qui correspond à mon jeu de guitare actuel. Dans la formule full band c’est d’ailleurs dans les moments acoustiques (Layla, Caravane, Hallelujah, etc.) que je parvenais à m’exprimer le mieux.
Il faut vraiment aimer jouer des reprises. Il n’y a pas beaucoup de place pour un répertoire original. Je remercie Fred de m’avoir donné la possibilité de jouer mes chansons sur scène mais ce n’est pas toujours comme ça et la plupart du temps vous jouerez des reprises qui plaisent à un public international. Des “cocottes” comme on dit dans le jargon.
Pour le Club Med en hiver, c’est vraiment important d’aimer skier. A part des promenades en raquettes, vous n’aurez pas grand chose d’autre à faire de vos journées.
Il ne faut pas compter sur l’ingé son qui sera sur place et donc avoir une autonomie en prenant un ampli.
Il faut aimer la vie en groupe et les rencontres avec d’autres musiciens. J’ai eu la chance de me retrouver dans un super groupe, avec des musiciens très sympas. Ils m’ont tous appris plein de choses en les écoutant jouer mais aussi lors de nos nombreuses discussions. Vous passerez beaucoup de temps avec les musiciens du groupe. Mieux vaut bien tomber.
Pour résumer :
Les +++
Le ski aux 3 vallées qui est le plus beau domaine skiable du monde !
La formule all inclusive avec des buffets très sympas et variés. On ne pense plus à rien et cela fait partie de l’expérience “déconnexion”.
En jouant tous les soirs un concert de 90 minutes pendant une semaine on apprend beaucoup de choses.
Les —
Les frais supplémentaires : le voyage A/R, le forfait de ski, l’accès WIFI premium (30 euros la semaine), les boissons payantes, le saune/hamman payant.
Le logement à l’extérieur du village.
Le manque d’ingé son compétent (je n’ai peut-être pas eu de chance cette semaine là), de matériel pro (table de mixage correcte, compresseur, EQ, reverb) et d’ampli guitare sur place.
Voilà mon retour d’expérience en tant que guitariste au club med. Avez-vous déjà eu l’occasion de jouer au club ou dans le même genre de configuration, cela vous tenterait-il d’essayer? Dites-moi dans les commentaires ce que vous pensez de tout ça, je vous lirai et y répondrai avec plaisir !
J’en ai profité pour réaliser un petit vlog qui reflète l’ambiance de cette semaine en vidéo :
La gamme pentatonique est de loin la gamme la plus utilisée en guitare. Comme son nom l’indique elle est composée de cinq (penta) tons (tonique), c’est-à-dire de cinq notes. Le gros avantage c’est qu’il n’y a pas de demi-ton dans la gamme pentatonique ce qui la rend facile à jouer en toutes circonstances. Les cinq notes de la gamme pentatonique sonnent bien tout le temps, sur n’importe quelle grille, sur n’importe quel accord. L’autre très grand avantage de la gamme pentatonique c’est qu’elle est facile à mémoriser car elle est visuellement très claire. Il existe quatre grandes familles de gammes pentatoniques :
1. La gamme pentatonique majeure
Ce sont les touches noires du piano ! En Do, ce sont les 5 notes suivantes : Do, Ré, Mi, Sol, La. C’est comme la gamme de Do majeur avec deux notes en moins : le Fa et le Si. Fa et Si se situent à 1/2 ton d’une autre note (Mi et Do), ce sont deux notes à utiliser avec précaution car les 1/2 tons peuvent facilement être dissonants. La gamme pentatonique présente l’avantage de ne pas avoir de note située à 1/2 ton d’une autre. Vous ne devrez pas être autant attentif aux dissonances. On remarque également que la tierce de la gamme est majeure (Do => Mi = 2 tons), raison pour laquelle on parle de gamme pentatonique majeure. Sa structure est la suivante : tonique – seconde majeure – tierce majeure – quinte juste – sixte majeure. Au niveau des positions sur la guitare, ça donne ceci :
Vous voyez que le schéma est simple à mémoriser et facile à jouer. Il s’agit de la première position, sur une seule octave. Elle peut être déclinée sur tout le manche et plusieurs octaves. Je vous conseille, dans un premier temps, de l’apprendre à fond et de l’utiliser un maximum pour improviser. Vous pourrez ensuite apprendre les autres positions. Je me souviens très bien avoir passé des dizaines d’heures, adolescent, à improviser avec cette gamme sur mes disques d’AC/DC et de Guns ‘N’ Roses ! Faites-le aussi. Lancez un morceau que vous aimez, prenez votre guitare et improvisez dessus en utilisant la gamme pentatonique. Vous verrez, c’est super chouette à faire. Lorsque vous improvisez essayez d’insérer, de temps à autre, des notes de la gamme majeure dans votre solo. Vous verrez qu’elle est imbriquée dans la gamme pentatonique majeure. Passez de l’une à l’autre, cela développera votre oreille et votre dextérité.
C’est une gamme à connaître sur le bout des doigts. Elle est très polyvalente et tous les grands guitaristes l’utilisent dans leurs solos. C’est aussi de la gamme pentatonique majeure que découle la gamme pentatonique mineure ! Je vous expliquerai cela un peu plus loin. La gamme pentatonique mineure est encore plus souvent utilisée par les guitaristes. Moi-même j’utilise beaucoup plus souvent la gamme pentatonique mineure. Je vais vous faire une confidence : je n’utilise que la gamme pentatonique mineure ! Si je vous l’avais dit en début d’article, vous n’auriez pas fait l’effort d’apprendre la version majeure. C’est pourtant important de la connaître aussi.
2. La gamme pentatonique mineure
C’est LA gamme la plus importante à connaître pour un guitariste. S’il n’y avait qu’une seule gamme à connaître, ce serait la gamme pentatonique mineure. C’est une déclinaison de la gamme pentatonique majeure dont la structure est la suivante : tonique – tierce mineure – quarte juste – quinte juste – septième mineure. En Do cela donne ceci : Do – Mib – Fa – Sol – Sib. Sur la guitare, la position de base sur une seule octave est la suivante. Je le répète : c’est LA position que chaque guitariste doit connaître par cœur ! Donc allez-y !
Il existe d’autres positions que l’on verra plus tard. Essayez pour le moment de bien la faire rentrer dans vos doigts et aussi dans votre oreille en la pratiquant dès que vous pouvez : en improvisant sur vos chansons préférées par exemple ! Allez-y, mettez une chanson, trouvez la tonalité d’oreille et utilisez la gamme pentatonique mineure pour improviser.
Il existe une connexion entre la gamme pentatonique majeure et la gamme pentatonique mineure. Prenons par exemple la gamme de Do pentatonique majeure et La pentatonique mineure :
Do pentatonique majeur : Do Ré Mi Sol La
La pentatonique mineur : La Do Ré Mi Sol
Comme vous le voyez ce sont les mêmes notes, dans un ordre différent. A chaque gamme majeure correspond donc une gamme mineure : on parle de gamme relative majeure ou mineure. Attention, si les notes sont les mêmes, les toniques et les intervalles ne le sont pas ! Par exemple :
Do Ré Mi Sol La => La tierce de Do est majeure (Do => Mi : 2 tons)
La Do Ré Mi Sol => La tierce de La est mineure (La => Do : 1,5 tons)
Avec les mêmes notes on obtient donc deux gammes aux couleurs très différentes : l’une est majeure et l’autre est mineure. La est la gamme relative mineure de Do et Do est la gamme relative majeure de La. Cette relation d’1,5 tons fonctionne dans toutes les tonalités et je vous encourage à connaître les principales par cœur :
C = A–, D = B–, E =C#–, F = D-, G = E –, A = F#-, B = G#-, etc.
A quoi cela peut-il bien servir de connaître cela? A pouvoir improviser avec la gamme mineure pentatonique sur une tonalité majeure. En effet, si la chanson sur laquelle vous voulez improviser est en majeur il vous suffit de trouver la tonalité mineure relative pour pouvoir utiliser la gamme mineure pentatonique dessus. C’est ce que je fais systématiquement ! Je vous disais plus haut n’utiliser que la gamme mineure pentatonique pour improviser et c’est grâce à ce principe de tonalité relative que j’y arrive. Et si j’y arrive, vous pouvez y arriver aussi !
Faites l’exercice suivant : choisissez une chanson dans une tonalité majeure comme par exemple Twist and Shout des Beatles :
/ D G / A7 /
Quelle est la tonalité du morceau? Aller, faites un effort ! D majeur, merci Quelle est donc la tonalité mineure relative? B mineur en effet ! Vous pouvez donc utiliser la gamme de B mineur pentatonique pour improviser sur une grille en D majeur. Elle est pas belle la vie?
Continuons avec les gammes pentatoniques en rajoutant une petite note apporte une couleur musicale blues : la fameuse note bleue (en anglais blue note), reprise ensuite dans le jazz. Blue note est une abréviation de “blue devils” (“diables bleus”) qui signifie “idées noires” et qui est utilisée par les musiciens pour donner un maximum d’expression à leur jeu. Je vous invite à aller lire les explications sur Wikipedia :
L’origine de la note bleue se trouve dans le système musicalpentatonique africain. La confrontation des Noirs américains avec le système tonal européen et ses sept degrés a engendré l’adaptation du troisième et du septième degré (absents de leur gamme) en les infléchissant d’un demi-ton soit vers le mode mineur, soit vers le mode majeur. D’où l’ambiguïté du climat harmonique et affectif de cette musique dans laquelle coexistent les tonalités majeure et mineure, joie et tristesse. Source Wikipedia
3. La gamme blues majeure
Certaines personnes considèrent la gamme blues comme une gamme pentatonique mineure agrémentée d’une note supplémentaire. C’est vrai que les deux sont très proches (raison pour laquelle elles apparaissent dans le même cours). Je vous conseille néanmoins de considérer la gamme blues comme une gamme à part entière. Voici le schéma de la gamme blues majeure :
4. La gamme blues mineure
C’est la gamme de référence en blues. On rajoute la blue note à la gamme pentatonique mineure. Cette blue note est une quarte augmentée, souvent considérée comme une note de passage, une notre chromatique entre le degré 3 et 4 ou un triton. En Do ça donne : Do Mib Fa Fa# Sol Sib :
Essayez maintenant d’utiliser ces gammes pour improviser sur une grille blues. C’est quoi une grille blues? C’est une grille composée de 12 mesures. En Do, cela donne ceci :
/ C7 / C7 / C7 / C7 /
/ F7 / F7 / C7 / C7 /
/ G7 / F7 / C7 / G7 /
Les blues en Do sont plus rares que les blues en Mi ou en Sib. Voici une grille en Mi :
/ E7 / E7 / E7 / E7 /
/ A7 / A7 / E7 / E7 /
/ B7 / A7 / E7 / B7 /
Le plus simple pour pouvoir jouer un blues dans toutes les tonalités est de réfléchir en degrés :
/ I7 / I7 / I7 / I7 /
/ IV7 / IV7 / I7 / I7 /
/ V7 / IV7 / I7 / V7 /
Vous pouvez également utiliser les gammes pentatoniques dans vos compositions. Je les utilise pour écrire des riffs de guitare ou pour mes lignes de chant :
Lorsque vous cherchez à écrire une ligne de chant sur une grille d’accord, la gamme pentatonique est une alliée de taille. Essayez d’abord de trouver la tonalité de la chanson. Utilisez ensuite le principe des relatifs majeurs et mineurs pour trouver la gamme mineure correspondante. Jouez là sur votre grille en chantant et vous verrez que cela va vous aider à trouver des idées de lignes mélodiques faciles à chanter et qui restent dans l’oreille.
Pour composer un riff à partir de la gamme pentatonique partez de la tonalité du morceau et jouez la gamme pentatonique correspondante en pensant à un gimmick, un petit motif qui se répète, qui se différencie de l’harmonie et qui parvient à capter l’oreille. Vous allez voir que les idées finissent par arriver et qui sait, vous composerez peut-être un nouveau riff comme ceux de “Killing in the name” ou “Are you gonna go my way”
Voilà donc une bonne entrée dans le monde des gammes pentatoniques. Quelle en est votre utilisation? Improvisez-vous plutôt avec la gamme pentatonique majeure, mineure ou blues? L’utilisez-vous également dans vos compositions pour les lignes de chants ou vos riffs d’intro? Dites-moi dans les commentaires, je suis curieux. N’hésitez pas non plus à me poser vos questions car je réponds à tout
Il existe beaucoup de conseils différents pour progresser rapidement à la guitare. Voici une liste qui reprend ce qui fonctionne vraiment pour moi.
1. Se fixer un objectif clair
Tout le monde se fixe des objectifs. Le problème c’est qu’on se les fixe sans réellement creuser. Pour faire la différence, il faut agir différemment, aller à l’opposé de la masse des personnes qui se fixe des objectifs sans vraiment aller au fond. Essayez donc de réellement vous poser la question : pourquoi voulez-vous apprendre à jouer de la guitare? Pourquoi est-ce si important pour vous? Proposez une réponse précise à court, moyen et à long terme. La guitare a été pour moi avant tout un moyen de me différencier des autres. Le grunge était en plein essor pendant mon adolescence. J’avais les mêmes cheveux longs, pulls et jean troués que Kurt Cobain. Il ne manquait plus que la guitare ! Il faut bien avouer que ça fonctionnait bien pour se faire remarquer, pour montrer qu’on était unique. Unique dans un grand stéréotype, nous sommes bien d’accords. Mais bon, j’avais l’impression de sortir du lot, de me démarquer. Il ne restait plus qu’à apprendre à en jouer. Au plus je progressais, au plus mon entourage était impressionné, au plus j’avais envie de progresser. Un vrai cercle vertueux ! Aujourd’hui, vingt ans plus tard, plusieurs disques, des tournées et des collaborations fructueuses, la guitare est devenue mon métier. Et oui, je vis la vie dont j’ai rêvé quand j’avais 16 ans ! Grâce à ma guitare je rencontre beaucoup de monde : ceux qui viennent chanter une reprise à la maison, les musiciens qui m’accompagnent sur scène, mon entourage professionnel (paroliers, agent, impresario, ingés sons), les artistes que je croise dans les coulisses, le public que je rencontre à la fin de mes concerts, les élèves à qui j’enseigne, les professeurs qui m’ont enseignés etc. La liste est longue. Je n’aurais jamais rencontré toutes ces personnes sans la guitare. Ma guitare m’a emmené jusqu’en Chine où je suis allé défendre mes chansons en français. Les salles étaient pleines à craquer, ce fut une expérience très enrichissante. On vient de me contacter pour me proposer de partir gratuitement une semaine au Club Med de Val Thorens faire du ski la journée et jouer de la guitare le soir. Une opportunité qui m’est tombée dessus sans que je démarche : le responsable du groupe a vu mes vidéos de reprises sur YouTube et m’a contacté. La guitare est donc une véritable machine à opportunités et je remarque un lien direct entre une pratique régulière et les occasions qui se présentent à moi. Quand je me sens démotivé, je pense à ça et je repars ! J’espère aussi, avec la guitare, être un jour une source d’inspiration pour mes enfants. J’aimerais que cela leur donne envie de se lancer dans une passion et de s’y tenir. Pas nécessairement la guitare mais un domaine qui les anime et dans lequel ils auront envie de progresser. Parce que se sentir avancer, encore aujourd’hui, est une excellente source de vitalité. On est fier de soi ! En concentrant votre énergie sur ces objectifs (rencontrer de chouettes personnes, être une source d’inspiration pour ses enfants, etc.) et en pensant aux bienfaits qu’il vous apporte dans votre quotidien, vous progresserez, inévitablement. Pas pas, graduellement, mais vous avancerez. Et dans les moments de doute vous n’aurez plus qu’à vous reconnecter pour retrouver votre motivation.
2. Etablir un plan à partir de ce qui vous passionne
La manière la plus efficace d’atteindre votre objectif est d’établir un plan et de vous y tenir. En tant que musiciens nous avons souvent tendance à nous laisser aller à jouer ce qui nous passe par la tête. Le temps passe, on s’amuse mais les progrès sont faibles. Pour progresser, la loi de Pareto (20/80) est d’une efficacité redoutable lorsqu’on a un plan clair : vous allez vous concentrer sur les 20% les plus importants et éviterez de pratiquer des exercices qui ne vous apportent rien. Vous adorez la guitare acoustique? A quoi bon travailler le shredding? Vous voulez monter un groupe de reggae, à quoi bon travailler le fingerstyle? Vous voulez jouer des reprises, à quoi bon apprendre la théorie? Et vice versa. Vous avez compris l’idée. Fixez votre objectif à partir de ce qui vous passionne en guitare et rassemblez les éléments nécessaires pour y parvenir. Il n’en faut pas plus de cinq. C’est un bon exercice pour arriver à donner des priorités. Illustrons cela par un exemple concret : mon objectif actuel est de rencontrer des chanteurs et des chanteuses en les invitant à participer à mon émission “reprises des classiques de la chanson” sur YouTube. Le cadre est simple : une guitare et une voix. Pour éviter la monotonie je dois proposer à chaque fois un arrangement guitare intéressant. Ma priorité est donc d’élaborer mon bagage en guitare d’accompagnement et en fingerstyle particulièrement. Je me concentre donc sur l’apprentissage de nouvelles techniques fingerstyle et sur les transcriptions des classiques de la chanson française. Je ne passe pas une seule seconde à travailler les techniques de sweep picking ou de solos bebop. Faites la même chose : pensez à ce que vous adorez jouer à la guitare et établissez un plan d‘attaque.
3. Pratiquer 5 jours par semaine
La pratique régulière est une des clés du progrès. C’est valable dans toutes les disciplines ; artistiques, sportives et professionnelles. Essayez de pratiquer tous les jours de la semaine et profitez du weekend pour laisser votre corps assimiler. Une méthode qui fonctionne à merveille c’est de mettre en place une routine, comme par exemple prendre sa guitare en main dès qu’on s’est brossé les dents. Comme vous vous brossez les dents tous les jours (enfin, j’espère pour vous), vous finirez par jouer de la guitare tous les jours, même si ce n’est que quelques minutes. Mais au moins vous allez jouer tous les jours et ce sera souvent plus longtemps que prévu ! Essayez de trouver une habitude que vous avez déjà. Engagez-vous à prendre votre guitare en main juste après et de jouer au minimum un accord. La plupart du temps vous jouerez plus qu’un accord mais cela vous permettra de respecter votre engagement, même dans les moments où vous n’avez vraiment pas envie de jouer. Après plusieurs mois vous aurez clairement progressé, simplement en jouant un petit peu tous les jours ! Le plus important c’est de respecter votre “engagement”. Si vous avez décidé de jouer de la guitare après le brossage de dents, le dessert ou la douche, faites-le, prenez votre guitare en main et jouez un truc. Créer une habitude est un excellent moyen de jouer tous les jours. Vous verrez qu’en quelques semaines cela sera devenu tout à fait naturel de jouer de la guitare tous les jours.
4. Faire les exercices à fond
Vous avez un plan, vous savez ce que vous devez travailler. Maintenant il va falloir le faire à fond. C’est pas évident, il faut bien l’avouer. Il m’arrive encore régulièrement de faire un exercice du bout des doigts. Pourtant, la manière dont vous faites une chose est la manière dont vous allez faire toutes les choses. Maintenant que vos objectifs sont clairs, essayez de vous donner à 100% lorsque vous pratiquez. Le confort ne génère pas de résultats et vous êtes le seul arbitre. Il faut donc être exigeant avec vous-même, élargir votre zone de confort (pas nécessairement en sortir) pour élargir vos résultats. Faites le choix d’être précis dans vos exercices, de travailler ce qui est vraiment nécessaire, de ne pas vous laisser aller. L’oreille n’est pas mon point fort et je déteste la travailler. Jouer des reprises sur YouTube me force à les transcrire. C’est un bon moyen d’être obligé de travailler mon oreille et les échéances sont souvent très courtes. Je dois donc être concentré et efficace dans mes transcriptions. Essayez de trouver un moyen de vous obliger à pratiquer à fond !
5. Persévérer
Une phrase d’Anthony Robbins (dont je ne suis pourtant pas vraiment fan) illustre parfaitement ceci : “La plupart des gens surestiment ce qu’ils peuvent faire en un an et ils sous-estiment ce qu’ils peuvent faire en deux ou trois décennies”. Visez le moyen et le long terme. Vous verrez qu’on peut acquérir une véritable maîtrise de la guitare en maintenant le cap. La majorité des gens abandonnent parce qu’ils veulent des résultats rapides. Patience ! La persévérance et la pratique régulière donnent des résultats inimaginables. Apprendre à jouer le thème, le walking bass et à improviser sur Donna Lee m’a demandé des mois de travail, si pas des années. En attaquant les premières notes du morceau j’étais complètement découragé. J’avançais lentement, deux mesures par jour, je me trouvais tellement nul ! J’écoutais les versions des grands maîtres et ça me décourageait encore plus ! Pourtant j’ai fini par y arriver, comme vous pouvez le voir dans cette vidéo. Si j’y suis arrivé, vous pouvez y arriver aussi.
6. Prendre des cours
Les autodidactes qui jouent comme des bêtes existent. Il y en a plein, tant mieux pour eux! Avec le recul, je sais aujourd’hui que je n’ai jamais autant progressé en guitare que lorsque j’ai suivi des cours. A la GIT de Londres ou au Jazz Studio d’Anvers (Belgique) et encore plus tard, lorsque je suis retourné à l’académie pour reprendre des cours de guitare jazz. J’étais pourtant déjà musicien professionnel depuis plus de dix ans. Suivre une formation n’est pas évidente car il faut avant tout choisir la bonne formation, la bonne personne, trouver le meilleur prof, celui qui vous correspond. Et ça prend du temps, il faut essayer. Une fois que vous l’aurez trouvé, en physique ou sur internet, vous allez progresser beaucoup plus rapidement. Vous gagnerez du temps, ce qui est le plus précieux, parce que votre prof vous montrera ce qu’il faut faire pour obtenir des résultats, il vous corrigera, il vous motivera, il vous inspirera. C’est la raison pour laquelle il faut absolument le voir toutes les semaines. Vous n’aurez pas envie de vous retrouver devant lui pour lui dire que vous n’avez rien fait.
7. Jouer dans un groupe
C’est un merveilleux accélérateur. Déjà parce que c’est amusant de se retrouvez entre musiciens passionnés, dans un groupe, pour jouer des chansons qu’on apprécie. En plus, par respect pour vous et pour les autres, vous n’aurez pas envie d’arriver à la répétition sans connaître les chansons, ce qui vous motivera pour bien les préparer! Vous pourrez partager vos expériences avec les autres musiciens du groupe qui, étant musiciens également, vous comprendront très bien! Ce soutien mutuel fait un bien fou. Vous vous sentirez moins seul. En voyant les autres progresser vous aurez vous-même envie de progresser : “si lui peut le faire, moi aussi je peux le faire”. Profitez de cette émulation! Toutes ces heures travaillées à la maison se concrétisent pendant les répétitions et après sur scène, pour vos premiers concerts ! Ça va vous donner énormément d’énergie.
8. Composer vos chansons
C’est une très bonne chose d’apprendre à jouer les chansons des autres. Il y a une grande leçon à apprendre dans chaque chanson. Parallèlement à ça vous devez commencer à composer votre propre musique, sans vous mettre la pression. Le but est de développer votre univers en composant la musique qui vous fait vraiment vibrer, qui vous fait rêver. A force d’écrire vous allez vous améliorer, percevoir de plus en plus précisément ce qui vous correspond, ce que vous faites le mieux. Je n’écris pas les paroles de mes chansons par exemple. Ce n’est pas mon fort. Pourtant j’adore lire les beaux textes des grands auteurs de chansons comme Claude Lemesle que j’ai eu l’occasion de rencontrer. J’ai tellement de respect pour les textes que je préfère me concentrer sur ce que je fais de mieux : écrire les musiques et les arranger. Je délègue donc l’écriture des textes à des auteurs et j’ai la chance de travailler avec des mecs comme Joseph D’Anvers et Arman Méliès qui ont collaborés avec Alain Bashung, Julien Doré ou Hubert Félix Thiéfaine. Encore de belles rencontres ! Pensez à développer votre créativité, à trouver votre propre style, votre esthétique particulière et à collaborer avec les personnes qui vous aideront à avancer vers ce but.
9. Passer à l’action
C’est très important de concrétiser ce que vous apprenez, ce que vous lisez. Vous devez prendre votre guitare et appliquer les concepts. Il doit toujours y avoir un équilibre entre la théorie et la pratique. Mettez en place directement ce que vous venez d’apprendre. Intégrez-le dans votre routine. Faites-le tout de suite, là, maintenant ! Commencez, même si ce n’est que 5 minutes mais commencez.
10. Lancer des défis
Annoncer des défis qui ont de la gueule sur les réseaux sociaux vous obligent à vous y atteler parce que vous n’aurez pas envie de dire que vous n’y êtes pas arrivé. Vous n’y arriverez peut-être pas mais au moins vous aurez essayé. C’est le plus important ; s’y mettre ! C’est ce que j’ai fait lorsque j’ai lançé mon défi 1 nouveau toutorielpar jour pendant 2 semaines. Les gens adorent suivre les vrais défis ambitieux. Il ne faut pas que ce soit bidon. Vous allez vous démarquer, vos premiers lecteurs seront excités, vous vous sentirez porté par les encouragements et les réactions, cela vous motivera à continuer. Vous allez créer des fidèles qui reviendront, qui s’abonneront. Imaginez un défi un peu fou que vous pourriez vous lancer et annoncez-le sur vos réseaux sociaux. Allez-y!
11. Célébrer
C’est mon astuce préférée et pourtant je ne le fais pas assez. C’est important d’envoyer un message clair à votre cerveau : ça vaut la peine de faire tous ces efforts parce qu’après on va s’éclater ! En l’appliquant vous allez prendre goût au travail et surtout au travail qui vous fait progresser, qui vous apporte des résultats. Ce sont ces résultats qu’il faudra célébrer. Vous voudrez plus de résultats pour célébrer plus souvent, c’est un cercle vertueux ! Commencez donc par célébrer chaque jour ce que vous avez accompli de bien. Et puis le jour où vous arrivez enfin à jouer votre premier barré, faites péter le champagne ! Quand vous aurez compris les modes, accordez-vous un massage californien. Lorsque vous aurez monté votre premier groupe de reprise, allez tous faire la fête autour d’un bon repas. Que ce soit avec une sortie, un weekend en amoureux ou une plaquette de chocolat noir, faites-le, récompensez-vous!
Voilà donc 11 astuces qui fonctionnent pour moi, qui me permettent de progresser à la guitare, de garder le moral et la motivation pendant les traversées du désert. Dites-moi dans les commentaires ce qui vous fait avancer, ce qui vous motive à fond ou ce qui vous décourage le plus !
Connu sous le nom de CAGED SYSTEM, ce concept que j’ai appris pendant mes études de guitare à Londres est très puissant. Je m’en sers tout le temps pour jouer des reprises ou dans mes compositions, à la fois pour jouer des accords mais aussi pour les gammes et les arpèges. C’est la porte d’entrée pour accéder au niveau supérieur et en pratiquant régulièrement vous finirez par le maîtriser complètement. Grâce à ces 5 accords de guitare vous pourrez vraiment TOUT jouer : tous les accords que vous voulez, toutes les gammes et tous les arpèges !
Le CAGED SYSTEM
CAGED ce sont les noms, dans l’ordre, des accords magiques : C (Do M), A (La M), G (Sol M), E (Mi M), D (Ré M). Il s’agit des versions basiques, ‘”feu de camp”, de ces accords, joués en début de manche comme sur les schéma ci-dessous :
Ce qui est magique avec ces 5 accords c’est qu’ils sont tous transposables. En utilisant le principe du barré vous pourrez les jouer à n’importe quelle hauteur sur le manche de votre guitare. Certains accords, comme le D ou le G seront plus compliqués à placer. C’est tout de même un très bon exercice de souplesse des doigts d’essayer de le faire et cela vous servira surtout pour les gammes et les arpèges, on y reviendra. Concentrons-nous sur la transposition de ces accords. Prenons l’exemple du E. Si vous avancez l’accord d’une case et que votre index de la main gauche joue le barré, vous obtenez un F. En continuant à monter d’une case, vous obtiendrez un F#. Une case plus haut, la troisième, ce sera un G. Et ainsi de suite ! Un seul accord, le E, vous permet de jouer tous les accords que vous voulez en le transposant :
Evidemment, et c’est là que c’est le coup de massue, ce concept est valable pour les 5 accords du CAGED SYSTEM : vous pouvez tous les transposer partout sur le manche ! Transposez A par exemple en le jouant une case plus loin et en barrant les cordes avec l’index de votre main gauche. Vous obtiendrez un Bb. Encore une case plus loin et vous aurez un B. Et puis C, Db et ainsi de suite :
Commencez donc par explorer les différentes possibilités offertes par ces 5 accords en les transposant partout sur votre manche. Essayez ensuite de jouer une progression d’accords simple, comme la Bamba (C F /G /) en commençant par le début du manche :
Un fois que c’est bon, ce qui devrait être simple, essayez de jouer la même progression à partir de la troisième case. Quels accords allez-vous utiliser? Le C sera la forme du A transposé à la troisième frette, le F sera la forme du D transposé à la troisième frette et le G sera la forme du E transposé à la troisième frette :
Essayons maintenant de jouer la même progression d’accord dans la zone de la cinquième frette. Qu’obtenez-vous? Aller, faites un effort Le C est une forme de G transposé à la cinquième frette, le F devient une forme de C transposé à la cinquième frette et le G est une forme de D transposé à la cinquième frette.
Vous allez me dire que c’est bien beau mais quel est l’avantage de jouer une progression d’accord plus haut sur la manche? Le premier gros avantage c’est que cela vous permet de jouer tous les accords avec des dièses ou des bémols : F#, Ab, Db, G#, etc. Deuxième avantage : vous pouvez choisir où vous allez jouer votre progression d’accords. Vous ne serez plus obligé de le jouer en début de manche systématiquement. Ca devient vraiment intéressant lorsque vous voulez arranger une chanson, compléter une progression d’accords déjà jouée en début de manche, proposer une intro originale ou un pont. Troisième avantage : ces 5 positions vont vous permettre de jouer toutes les gammes et tous les arpèges.
Les GAMMES grâce au CAGED SYSTEM
Les 5 accords du CAGED SYSTEM peuvent être déclinés en 5 GAMMES majeures. 1 accord = 1 gamme. Ce qui est intéressant dans cette approche c’est que vous connaissez déjà les positions des accords. Vous aurez donc un repère visuel qui vous aidera pour apprendre la gamme correspondante. En jouant cette gamme vous verrez directement où se situent les notes importantes (tonique, tierce, quinte), puisqu’il s’agira des notes de l’accord correspondant.
Dans le diagramme ci-dessus : C + La gamme de Do majeur, A + la gamme de La majeur, G + la gamme de Sol majeur, E + la gamme de Mi majeur, D + la gamme de Ré majeur
Les ARPEGES grâce au CAGED SYSTEM
Vous voyez donc que les gammes et les accords sont à chaque fois intimement liés. Allons encore plus loin en déclinant maintenant les arpèges de chaque position du CAGED SYSTEM. Maintenant que vous pouvez jouer chaque accord et chaque gamme correspondante il sera plus simple de jouer les arpèges. Il s’agit en effet des notes de l’accord jouées les unes après les autres. Reprenons le premier accord du CAGED SYSTEM : C. Pincez la tonique de l’accord (la note do) et continuez en avançant vers les notes plus aigues : mi (deuxième case – troisième corde), sol (à vide) sur la quatrième corde, do (première case – cinquième corde) et mi (à vide) sur la corde la plus aigue. revenez ensuite vers la tonique. Voilà, vous avez joué l’arpège de Do majeur. Simple, non? Et la bonne nouvelle c’est que ce principe fonctionne avec les 5 accords du CAGED SYSTEM, dans toutes les tonalités !
Vous pouvez donc constater que le concept de CAGED SYSTEM est très porteur. Avec un peu de pratique régulière vous parviendrez à le maîtriser à à enchainer les accords/gammes/arpèges sans même y réfléchir. Je dois bien vous avouer que j’ai eu du mal au début. Ca me semblait complexe ce truc ! Aujourd’hui je l’utilise sans même y réfléchir et comme je vous disais au début de cet article je m’en sert dans tout, tout le temps.
Dites-moi dans les commentaires ce que vous pensez de ce concept de CAGEG SYSTEM. Avez-vous envie de l’apprendre, de l’intégrer dans votre bagage guitaristique? L’avez-vous déjà utilisé dans une compo originale, dans une reprise ou un arrangement? Partagez tout cela dans les commentaires, c’est ça aussi le principe de ce blog, c’est de partager nos expériences autour de la guitare. Laissez-moi un commentaire, j’y réponds systématiquement
Cet article est une traduction d’un cours reçu au Guitar Institute of Technology par Mario Abagliadi, un professeur qui, comme Eric Roche, m’a beaucoup aidé pendant mon parcours musical en jazz à Londres. Ce cours m’a beaucoup aidé à développer mes “walking bass” à la guitare parce qu’il est clairement expliqué. J’ai donc décidé de le traduire et de le partager avec vous !
Les guitaristes de jazz qui qui créent une “walking bass” efficace utilisent trois principes généraux :
1. Approche chromatique de la tonique de l’accord
2. Arpèges avec notes de passage chromatiques (NPC)
3. Lignes aux allures de gamme avec ajout de NPC
Avant d’attaquer avec ces 3 approches pour construire un “walking bass”, voici quelques constatations préalables :
A) Dans presque tous les cas la tonique et la quinte de l’accord doivent figurer sur les temps forts de la mesure, à savoir le un et le trois.
B) Une ponctuation avec des accords brefs donnera l’impression à l’auditeur qu’il écoute un “full band”. Ils ont tendance à se produire sur le “et” du un et le “et” du trois
C) Les voicings à trois notes sont très utiles dans ce contexte car les doigtés sont plus simples à exécuter. Vous minimiserez les difficultés techniques tout en soulignant les couleurs de base de l’accord.
D) Pour intensifier le “swing” je vous conseille d’accentuer les temps deux et quatre. Vous y parviendrez d’autant mieux en pratiquant avec une métronome et une pulsation sur les deux et quatre.
Regardons maintenant les trois principes dans le détail. Nous utiliserons un blues en Do pour illustrer chaque concept.
1. APPROCHE CHROMATIQUE DE LA TONIQUE DE L’ACCORD
C’est le concept le plus simple et le plus efficace : approcher la tonique de l’accord par un demi-ton supérieur :
Ou inférieur :
Comme vous pouvez le constater, le ciblage chromatique survient toujours sur les temps deux et quatre. Il est courant de mélanger les deux approches en construisant une ligne :
C’est la meilleure méthode lorsqu’il y a deux accords par mesure parce que vous n’avez que deux noires disponibles dans la mesure. Le problème c’est que ça peut vite sonner monotone et téléphoné si vous ne le mélangez pas avec un autre concept. Les variations seront vite limitées.
2. ARPEGES AVEC NOTES DE PASSAGE CHROMATIQUES (NPC)
L’utilisation des arpèges d’un accord est judicieuse pour vous aider à construire un “walking bass” mélodiquement et harmoniquement intéressant. L’utilisation de notes de passage chromatiques vous aideront à adoucir le développement de votre ligne. Comme ici, sans NPC :
Ou avec NPC :
Une fois que vous aurez pris conscience de la manière de développer une ligne vous verrez qu’il n’est pas possible de proposer un walking bass musical avec une seule approche. Vous allez devoir mélanger les trois concepts. Comme pour le point un, les arpèges avec ou sans NPC ne vous donneront pas assez d’options pour un développement idéal.
3. LIGNES AUX ALLURES DE GAMMES AVEC AJOUT DE NPC
Ce principe offre la possibilité de développer une approche plus linéaire. Dans 90% das cas vous devrez utiliser des NPC pour adoucir les transitions entre les accords.
Dès que vous serez familiers avec ces différentes techniques, je vous encourage à les mélanger. Cela vous aidera à créer une ligne réellement musicale.
Des musiciens comme Joe Pass, Martin Taylor, Ron Eschete et Tuck Andrews, pour en nommer quelques-uns, sont capables de créer un “walking bass” en improvisant. Pour réussir ce genre de performance, je vous invite à pratiquer les exemples dans les douze tonalités. Essayez d’apprendre un maximum de standards, il y a une leçon harmonique à apprendre dans chaque chanson !
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Comment devenir guitariste professionnel? Interview Jean-François Assy
Comment devenir guitariste professionnel?
Jean-François Assy, musicien ayant joué, entre autres, avec Alain Bashung, Daniel Darc, William Sheller, Christophe et Hubert Félix Thiéfaine est passé à la maison le temps d’une interview. Il m’a expliqué comment devenir musicien professionnel et comment il s’est retrouvé à jouer avec toutes ces pointures. Voici la transcription de cet entretien très intéressant :
Olivier JUPRELLE : Qu’est-ce que tu conseillerais à un musicien qui débute et qui veut se lancer comme professionnel?
Jean-François ASSY : Déjà de maîtriser son instrument. C’est le premier truc parce que il y a beaucoup de gens sur le marché qui attendent. Des mecs qui jouent vachement bien en plus ! Après ça il ya aussi un vrai truc de rigueur, du sérieux. Sans être”boring”, tu vois le truc hyper ennuyeux, mais vraiment il faut être sérieux quoi parce que les mecs qui arrivent un peu foufou, “moi je vais tout casser”, parce que je vais révolutionner un machin ouais ça peut marcher mais ça n’a qu’un temps quoi. Les mecs comme ça en général ils passent vite. Si tu veux rester dans le truc il faut être rigoureux parce que c’est là dessus que beaucoup d’artistes comptent aussi en général. C’est pas un secret il y a quand même pas mal d’artistes qui ne sont pas hyper “straight”, qui ne sont pas hyper rigoureux et donc s’ils n’ont pas une équipe autour d’eux un peu solide ça peut vite se barrer en cacahuète.
Olivier JUPRELLE : Alors ça veut dire quoi être rigoureux? Ca veut dire arriver à l’heure aux répétitions? Rentrer directement après le show?
Jean-François ASSY : On peut quand même un peu faire la fête ! Etre sérieux aux répètes, arriver en connaissant les morceaux. Il n’y a pas que ça, il faut amener des choses aussi parce que ne faire qu’écouter un morceau, noter la grille, écouter ce qui se passe, faire une dictée et puis reproduire sur scène le morceau je veux dire il y en a plein qui peuvent le faire. Après c’est plus intéressant aussi de pouvoir dire : tiens, moi j’ai refait ce boulot là mais en plus je peux amener ça est-ce que ça t’intéresse? Si je propose ça, est-ce que ça te va ou pas? Avoir une approche créative et ne pas hésiter à apporter un peu de sa personnalité dans sa transcription. Ne pas être ne pas être vraiment enfermé dans la transcription. Alors tu as des artistes qui diront : “non j’ai mon idée et je veux que ce soit comme ça et pas autrement” et donc à ce moment là tu suis où tu suis pas. Tu peux te barrer aussi, enfin voilà y’a pas de problème mais par contre il y a des artistes qui sont demandeurs de ça. Bashung demandait d’être étonné constamment.
Olivier JUPRELLE : C’est exigeant hein ! Étonnez-moi !
Jean-François ASSY : C’était “étonnez-moi” et en même temps on était les premiers étonnés de bosser avec lui aussi parce que lui aussi parfois avait des idées. On se disait il est fou, ça ne va jamais marcher et puis, au final, en essayant, on se dit “ah oui il sentait bien le truc quand même”! Il fallait être créatif. Un mec comme Christophe aussi aime bien qu’on lui amène des sons. Il est curieux de tout donc il aime bien quand on amène une nouvelle pédale, qu’on lui fait écouter un truc. “Ah ouais j’aime bien, je connais pas ça, c’est cool” ! Si on rentre dans une espèce de routine ça peut vite l’ennuyer quoi. Il faut être rigoureux, être créatif tout le temps. Etre un peu intéressé de tout, écouter un peu ce qui se fait aussi en dehors parce que sinon si tu te mets dans un truc hermétique. Mais tu dis : “ok, moi voilà ce que je peux faire”. Je fais que ça et j’écoute que ça, ça ne marche pas non plus. Il faut rester ouvert quand il y a tellement de trucs qui se font partout maintenant. On a accès à tout aussi donc après faut pas copier mais il faut surtout écouter ce qui se fait, avoir des antennes un peu un peu ouvertes.
Olivier JUPRELLE : Pour se résumer on dirait 1 : il faut bien connaître son instrument.
Jean-François ASSY : Ouais ça je pense quand même oui.
Olivier JUPRELLE : Et moi qui ai déjà eu une expérience aussi de travail de collaboration avec toi, je peux vraiment confirmer que quand Jeff
arrive à une répétition, non seulement il connaît la grille vraiment super bien, et en plus c’est en place ! Le timing est nickel et donc c’est vrai que ça s’est vraiment important pour se lancer là dedans. Je pense que la base c’est vraiment d’être un excellent musicien. Mais comme tu l’as dit ça ne suffit pas.
Jean-François ASSY : En fait le truc c’est… Enfin de connaître le morceau et de pouvoir le reproduire, on va appeler ça la partie technique. Et quand la partie technique est connue alors tu peux parler musique. Mais si tu n’as pas cette partie technique, si tu n’as pas déjà cette base là alors c’est compliqué. Par rapport à la concurrence où tous les autres mecs qui vont se ramener et qui ont un bon niveau. C’est compliqué de passer à autre chose quoi. Moi c’est mon père, qui est violoniste classique, c’est lui qui m’a appris beaucoup de choses et quand j’étais gamin. Il me disait : apprend d’abord la base technique parce qu’après on parle musique et la musique et la technique, l’un ne va pas sans l’autre mais c’est pas forcément exactement la même chose non plus. Il y a des gens qui sont techniquement balèzes mais qui musicalement n’ont rien à dire et donc c’est moins intéressant. Donc il faut pas que ça, il faut la base technique ensuite après tu disais la rigueur quand même, le sérieux de la répétition. Qui fait partie à mon avis de la base technique. Le fait d’être à l’heure aux répètes, savoir gérer ton planning aussi quand tu es appelé par différents artistes.
Olivier JUPRELLE : J’imagine qu’il y a des moments il y a des dates qui arrivent sur le même jour,
Jean-François ASSY : Il y a parfois des dates qui clashent. Là il faut être sérieux aussi par rapport aux gens qui t’ont engagé, etc. Tu ne peux pas être à deux endroits au même moment, donc il faut avoir un agenda quand même assez clair.
Olivier JUPRELLE : Ensuite être créatif, c’est-à-dire ne pas avoir peur de venir avec sa personnalité quand même, donner des idées. Après, rester quand même au courant de ce qui se fait parce que c’est vrai que toi tu travailles beaucoup finalement dans le secteur chanson française. Tu ne fais pas que ça mais la majorité des artistes de haut niveau qui t’appellent sont souvent dans cette sphère de “chansons française”.
Jean-François ASSY : Il y a tout l’international aussi. Tu as a tout ce qui se fait aux Etats-Unis, en Angleterre… Moi je bosse beaucoup en Flandre.
Olivier JUPRELLE : Oui c’est vrai que tu fais ça aussi !
Jean-François ASSY : L’autre partie de la Belgique, au niveau mentalité et culture musicale, ça n’a rien à voir avec notre culture à nous. C’est con mais c’est comme ça.
Olivier JUPRELLE : Ce que je voulais dire par là c’est qu’on t’appelle pour tout ce qu on a énuméré avant mais aussi parce que tu as tes antennes dans la chanson française et que tu proposes des choses qui sont en raccord, qui sont alignées avec cet univers chanson française.
Jean-François ASSY : Ça reste ma culture!
Olivier JUPRELLE : Tu ne vas pas proposer des lignes ska sur un morceau de chanson française. Ou en tous cas tu l’adapteras de manière à ce que ce soit chouette. Donc moi je suis vraiment d’accord avec ce que tu dis le fait de garder des antennes et de rester connecté à ce que tu fais comme musique et à ce que d’autres proposent.
Jean-François ASSY : Voilà ça fait partie aussi du tout quoi! Ça c’est comme tout. Je pense que le mec qui fait de l’informatique, s’il ne s’intéresse pas aux dernières nouveautés qui sortent, il est vite largué. En musique c’est pareil.
Olivier JUPRELLE : Comment tu as fait pour finalement te retrouver sur ces projets-là, être engagé par ses pointures?
Jean-François ASSY : Ça s’est vraiment c’est au fil des rencontres. Moi j’ai fait le conservatoire classique au violoncelle et donc j’étais plutôt destiné à faire un parcours vraiment très classique. Quand j’ai au 16/17 ans j’ai voulu vraiment sortir de ça parce que je n’en pouvais plus. Je sentais que c’était pas ça qui me correspondait vraiment à fond. Donc j’ai commencé vers 16/17 ans à jouer un peu dans des petits groupes à gauche à droite en sachant que c’était vraiment ça que j’avais envie de faire. Mais bon c’est pas pour ça qu’on y arrive forcément. Et puis moi c’est au fil des rencontres… J’étais très pote avec un ami violoniste qui un jour m’a appelé pour faire William Sheller. Donc là évidemment pour moi c’était la première grosse tournée importante qui sortait évidemment du milieu de la musique classique. Donc j’ai dit oui tout de suite et puis après William Sheller, très vite, j’ai rencontré un autre mec qui s’occupait e Yann Tiersen. Et hop j’ai été engagé avec Yann Thiersen. Et puis j’ai entendu parler que Alain Bashung organisait des auditions pour sa tournée retour, la tournée des grands espaces. Donc j’ai été passer l’audition. J’ai été pris. Après tu rentres dans un milieu, on parle de toi dans ce milieu, ton nom commence à être connu. Via Bashung j’ai rencontré Christophe. Quand il a pensé que ce serait bien qu’il y ait un violoncelle sur scène à côté de lui il a pensé à moi directement. C’est vraiment des rencontres et puis il y a des fois ça se fait des fois ça se fait pas!
Olivier JUPRELLE : C’est donc à la fois le réseau quelque part, le fait de quand même être dans le milieu et de faire des rencontres. Commencer avec un premier projet qui va t’amener à rencontrer d’autres personnes sur un autre projet et puis après le jour où tu fais l’audition pour Alain Bashung, il faut assurer. Donc il faut les deux! De nouveau, il faut la technique et après le réseau mais si tu as que la technique finalement tu va pas refaire de rencontres parce que ça se passe aussi là, ça se passe au bar, tu discutes avec le mec.
Jean-François ASSY : C’est sûr qu’il y a une connexion. Il y a un côté public relation. On ne peut pas être complètement fou fou dans tous les sens. Tu ne peux pas non plus être autiste. Il faut il faut quand même rester ouvert, il faut discuter avec les gens. Puis il y a des gens avec qui ça l’fait puis d’autres avec qui ça passe moins bien. C’est pas grave hein ! Je me souviens, après Bashung, j’avais été faire 2-3 heures chez le chanteur Raphaël. On a passé un très chouette moment. On a fait de la musique ensemble, très cool. Et puis une semaine après il m’a rappelé. Il m’a dit : “ouais mais je crois que finalement ma tournée je vais la faire tout seul”. Pas de problème! On a essayé, c’était cool, on s’est très bien entendu on n’est pas fâché du tout mais ça s’est pas fait. Peut-être une autre fois, peut-être jamais, voilà c’est la vie!
Olivier JUPRELLE : Merci Jeff ! A bientôt. Ciao !
Voici la vidéo de ce très chouette entretien avec un grand musicien :