Aller le contenu

Étiquette : M.I.A.

Mes 10 chansons préférées

Il y a quelques jours j’ai lancé un événement en proposant aux blogueurs que j’apprécie de lister leurs 10 chansons préférées et d’expliquer pourquoi ils les aiment tant ! Nous écoutons tous de la musique et c’est toujours intéressant de découvrir les goûts des autres : “dis-moi ce que tu écoutes et je te dirai qui tu es” ! L’exercice n’est pourtant pas simple et ma liste d’aujourd’hui ne sera pas la même que celle de demain. J’ai essayé de ne pas trop réfléchir et de lister rapidement et spontanément les 10 chansons qui me venaient en tête et que j’aime vraiment. Celles qui me font sincèrement de l’effet. J’ai mis de côté le jazz pour me concentrer sur le format chanson. Les voici !

1. Qu’est-ce que ça peut faire – Benjamin Biolay

Plusieurs personnes m’ont encouragé à me lancer comme chanteur mais celui qui m’a vraiment donné envie de le faire c’est Benjamin Biolay. Je me suis calmé aujourd’hui mais à l’époque je connaissais tout son répertoire quasiment par cœur. C’était au temps de ses premiers disques que je trouve bien meilleurs que les derniers. Il a pourtant beaucoup plus de succès aujourd’hui. Je l’avais vu aux Francofolies de Spa en 2008. Il n’y avait pas grand monde. Comme quoi, il faut savoir persévérer! J’ai eu la chance de travailler avec Erwin Autrique (ingé son) et Nicolas Fizstman (bassiste) aux studios ICP à Bruxelles. Ils travaillent tous les deux depuis des années avec Benjamin Biolay. Il m’arrivait de le croiser au Bar du Marché à Ixelles, lorsqu’il venait se changer les idées (draguer?) pendant ses sessions d’enregistrement à Bruxelles. C’était juste avant le disque “La Superbe”. Il ramait. C’est marrant de se dire qu’à ce moment-là il n’imaginait pas encore que ça allait être un très grand succès.

Qu’est-ce que ça peut faire démarre par un slide à la basse que l’on retrouve tout le long et qui donne cette sonorité particulière à la chanson (bravo à Nicolas Fiszman). La grille d’accord est très simple, une partie instrumentale aux sonorités d’un western spaghetti et un pont. Une petite modulation à la fin. Rien de bien compliqué. Et pourtant la magie opère. C’est une chanson entraînante qui me donne la pêche et me rassure. “Au bout de la route il n’y a qu’un désert” me convainc que rien n’est grave, idéal pour aller mieux !

2. Laisse aboyer les chiens – Benjamin Biolay

Un autre thème, qui rejoint le premier, et qui m’a aidé lorsque j’ai dû encaisser les premières critiques. Avec la maturité les critiques me touchent moins. Ce n’est jamais agréable mais je comprends que l’on n’aime pas mon univers. C’est normal, sain et équilibré. Je me méfie des artistes soi-disant aimés de tous. Tant que je reste dans une proportion 1/3 de gens qui aiment, 1/3 de gens qui s’en foutent et 1/3 de gens qui n’aiment pas, je ne m’inquiète plus ! Et je dois bien avouer que j’adorais écouter Biolay à ses débuts, à l’époque où tout le monde crachait dessus. Cela me rassurait ! Parce que j’ai et je suis toujours fort critiqué dans ma démarche artistique. Le milieu professionnel ne m’a jamais fait de cadeau. C’est encore le cas aujourd’hui. Je suis un batard de la chanson française, non reconnu par le milieu, un artiste qui s’est construit sans réseau, sans soutien des pros de la profession. Je n’ai jamais été le chouchou des programmateurs, des décideurs. C’était même plutôt le contraire. Aucune maison de disque ne voulait de moi. C’est grâce à internet que j’ai réussi à financer mon disque. J’ai produis moi-même mes premiers concerts. Monté mes premières tournées. Tout cela m’a permis de développer une véritable autonomie, en-dehors des medias, des réseaux professionnels et ça m’a surtout donné une grande liberté artistique.

Laisse aboyer les chiens c’est ça. On s’en fout de ce que les gens pensent. Il faut faire les choses pour soi, dans une démarche authentique, par amour et par passion pour la musique. Laisser les critiques critiquer. “Haters are loosers” disent les américains. Les personnes les plus critiques n’ont jamais produit de contenu. Quand on écrit des textes, qu’on compose de la musique, on sait à quel point c’est compliqué, qu’il s’agit à chaque fois d’un petit miracle et à quel point on peut se tromper. Ce n’est pas grave. Il faudrait décerner un prix annuel à l’artiste qui s’est le plus planté. Parce que ça veut dire qu’il a essayé des choses. On nous attend tellement au tournant aujourd’hui que l’on n’ose plus rien essayer. C’est dommage. Laissez aboyer les chiens.

Ce texte se marie magnifiquement avec cette ascension musicale progressive, ponctuée par les magnifiques relances à la basse de Nicolas Fizsman (encore lui). Le côté bricolé de la chanson me touche particulièrement. Il y a quelques petites imperfections qui donnent plein de charme au tout. J’aimerais que Benjamin Biolay nous en écrive d’autres comme ça !

3. End of the affair – Ben Howard

C’est un élève qui m’a fait découvrir Ben Howard (Alex, si tu me lis Smile). J’ai beaucoup écouté son album “I Forget Where We Were“ lors de sa sortie. C’était à l’époque où je passais mon permis moto (avec deux enfants il était temps que je roule enfin avec un permis). Ben Howard a un solide jeu de guitare mais il n’en fait pas trop dans ses chansons. Il ne tombe pas dans le piège de la démonstration. L’intro est un peu longuette mais toute la seconde partie de la chanson est complètement dingue. Aujourd’hui j’écoute ça à fond la caisse dans ma voiture en rentrant des entraînements de boxe. Les tenues vocales, la progression, la basse qui se fait attendre, les pêches, le solo guitare, l’arrêt et la reprise : tout est magistral et me transporte. Je ne pense plus à rien.

4. Irons-nous voir Ostende – Jeronimo

Un soir, dans ma voiture, arrêté au feu rouge du pont du germoir à Bruxelles, je découvre une chanson interprétée par une voix familière. Le registre est pourtant différent. Une guitare acoustique et une voix. Un homme qui invite une nana à aller voir Ostende. Je me gare sur le côté. J’écoute attentivement. Ce titre est très réussi. Un peu jalousement je me dis que ça doit être une reprise en français d’une chanson connue. Ce n’est pas possible qu’un autre belge que moi (ahaha) propose un truc de si bonne facture !

Quelques années plus tard j’ai eu la chance de travailler avec Jeronimo (Jérôme Mardaga de son vrai nom, l’auteur/compositeur/interprète d’Irons-nous voir Ostende) sur la réalisation de mon premier album “Le Bruit et la Fureur”. Il a fait un travail incroyable, à la fois musicalement mais aussi psychologiquement. Il m’a donné confiance en moi, m’a encouragé, m’a partagé son expérience et m’a même accompagné sur scène à la guitare. J’ai eu la chance d’aller défendre les chansons de ce disque jusqu’en Chine et Jérôme m’a accompagné sur les routes d’extrême-orient. Chaque soir, dans une ville chinoise différente, Jérôme a pris le micro le temps d’une chanson pour interpréter ce classique (si, on peut le dire) de notre patrimoine belge. Voici ce que ça a donné le soir où nous avons joué à Shanghai :

5. Smells Like Teen Spirit – Nirvana

Plus qu’une chanson, Smells Like Teen Spirit est un véritable hymne de ma génération ! Mon premier contact avec Nirvana s’est fait avec le clip de cette chanson, sur MTV, chez un ami. Ca tournait en boucle sur nos écrans. Et ça ne fera que s’amplifier jusqu’au fameux MTV Unplugged. Je ne sais pas trop de quoi la chanson parle, simplement que le titre est une allusion à un déodorant bon marché (Teen Spirit) porté par la petite amie de Kurt Cobain à l’époque. Commençons par ce riff. Ce putain de riff ! Ce riff magistral, iconique. L’exemple même du riff. Et puis le break batterie. Certainement le plus populaire de l’histoire du rock. Il paraît que ce n’est pas Dave Grohl qui l’a écrit. A vérifier. La mélodie, loin d’être évidente à chanter, et ce souvenir des années 90, les années de mon adolescence ! En entendant cette chanson je me replonge directement dans les soirées des petits villages de province. Mes premières soirées ! Et les pogos qui consistaient à “danser” en se sautant tous dessus et en se bousculant. Il fallait un peu de courage pour se lancer dans la fosse. Mais les filles regardaient, il n’y avait pas trop le choix. C’est une chanson nerveuse qui me rendait un peu agressif, surtout lorsque j’avais bu un petit verre. Pas bien ! Je me suis calmé depuis mais plus jeune je pouvais avoir envie de me battre et de tout casser en écoutant cette chanson. Une sorte de rage se révélait en moi (idem à l’écoute de Killing in the Name de RATM).

Kurt Cobain était mon idole. J’ai certainement commencé la guitare à cause lui. J’avais toute la panoplie grunge : les cheveux longs non coiffés et le look débraillé. Et ce clip mythique avec le technicien de surface qui danse sur la musique, Kurt Cobain qui détruit sa guitare, le public qui devient hystérique.

6. Bad GIRLS – M.I.A.

Le clip de Bad Girls m’a clairement influencé dans ce choix ! Pourtant je n’aime pas particulièrement Romain Gavras (le réalisateur ndlr, certainement à cause du nullissime clip Stress qu’il avait réalisé pour Justice). Mais là c’est très réussi. On peu lui reprocher son côté cliché et ses revendications féministes basiques mais concentrons-nous uniquement sur l’émotion qui se dégage du duo chanson/clip. L’un ne va pas sans l’autre dans ce cas-ci. C’est le mariage parfait, certainement le clip qui m’a le plus touché ces dernières années.

7. Paris (Aeroplane Remix)

Chanson lascive par excellence qui me rappelle instantanément ma rencontre avec Sophie Vinclaire, ma femme. Elle me replonge dans notre époque sensuelle de jeunes amants insouciants. Elle me rappelle nos nuits d’été, nos réveils tardifs et l’odeur de sa peau. Le texte est basique et correspond à une envie que j’ai eue plus jeune ; celle d’aller vivre à Paris. Ca me revient de temps en temps et puis ça passe.

C’est aussi l’époque où je traînais dans les clubs. Je côtoyais tout le milieu des DJ bruxellois. Stephen Fasano (fondateur d’Aéroplane et The Magician) en faisait partie. Un soir de 2008 il mixait dans une soirée sur une péniche à Liège. On devait être 15 personnes à tout casser dans cette péniche. Ce fût pourtant une soirée mémorable. Quel chemin parcouru par Stephen depuis !

8. Avec le temps – Léo Ferré

J’adore les chansons tristes. J’ai beau essayer, je n’arrive pas à faire autrement. Elles sont profondes et laissent une trace pour un moment. Fallait-il pour autant ajouter ce monument à ma liste? S’agit-il vraiment d’une chanson que j’aime ou suis-je influencé par le contexte? Difficile à dire, surtout que ce n’est pas une chanson que j’écoute pour me changer les idées. Le tempo lent et les arpèges qui symbolisent les secondes qui passent, la progression harmonique et cette mélodie développée sur un texte limite contemporain (mon seul bémol mais je fais vraiment le difficile là), sont bouleversants. Une chanson qui vieilli bien en parlant du temps qui passe c’est toujours bon signe. C’est ça qui est génial avec les vieilles chansons : on pourra encore les écouter dans vingt ans ! Le thème du temps qui passe m’obsède. J’en ai d’ailleurs fait une chanson : “Ce matin, j’ai 30 ans”.

9. Quitte à me quitter – Marvin Jouno

Terminons avec deux artistes que j’aime beaucoup. Deux “nouveaux” par rapport aux anciens de ma liste. On verra comment tout cela va vieillir mais il est important de s’intéresser aux nouveautés. Je ne le fais pas assez. Mea culpa ! Mea maxima culpa. Marvin Jouno est aussi sympa que sa chanson est entraînante !

10. Clôture – Cyril Mokaiesh

Le texte est génial. Simple et efficace. Aligné sur un système de valeurs qui me parle. Une chanson doit rester imagée. Même si l’art est par définition idéologique, les revendications politiques n’ont rien à faire dans une chanson. C’est ailleurs que ça doit se faire. Je n’aime pas les chansons engagées mais rien n’empêche de temps à autre d’injecter avec parcimonie un peu de vérité dans une chanson. Ici en l’occurrence sur la société de consommation et les dérives du capitalisme ; “boycottez la télé, ne votez plus, vous êtes en train d’inventer une puissance nouvelle”. Ca donne envie d’essayer !